À la suite de plusieurs attentats qui frappent des soldats allemands, des opérations de représailles sont planifiées avec la participation de la police française. Du 22 au 24 janvier 1943, les autorités nazies et René Bousquet, Secrétaire général de la police de Vichy, organisent à Marseille une grande rafle. 8000 personnes environ sont arrêtées. 782 Juifs sont envoyés au camp de Compiègne, puis déportés dans le centre de mise à mort de Sobibor. Aucun n’en reviendra. La destruction du « quartier criminel » est décidée : les Allemands dynamitent et rasent le secteur nord du Vieux-Port.
D’autres villes sont touchées par la chasse aux Juifs (Aix-en-Provence, Nîmes, Carpentras, Avignon, Arles, Clermont-Ferrand…).
La violence continue de l’occupant et du gouvernement collaborationniste vichyste n’entame pas la détermination de la Résistance. La perspective de la victoire et de la Libération pousse le Parti communiste à prôner, dès le début 1943, une stratégie d’unité nationale. Il appelle au regroupement de tous les Français qui s’opposent à Hitler. Ce rassemblement a lieu au sein du Front National de lutte pour la libération et l’indépendance de la France conçu par le Parti en 1941. L’action contre les nazis et leurs collaborateurs redouble d’intensité.
La section juive de la M.O.I., clandestine, entreprend aussi d’élargir son assise et recherche l’union avec les autres organisations juives et toutes les composantes de la Résistance. L’action de l’organisation clandestine « Solidarité », prend de l’ampleur, au Sud comme au Nord.
Pour les dirigeants de la section juive, il faut rassembler, former et entraîner les Juifs, traqués de toutes parts, à la lutte militaire ou civile. Au printemps 1943, la résistance juive communiste des zones Nord et Sud se regroupe en un organisme.
C’est une étape décisive : l’Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide (UJRE) est née. Elle est créée par sept résistants : Idel Korman, Edouard Kowalski, Adam Rayski, Sophie Schwartz et Techka Tenenbaum représentent la direction parisienne. Charles Lederman et Jacques Ravine sont les représentants de la direction du Sud. L’UJRE sera opérationnelle dès mai 1943.
Simultanément, la section juive de la M.O.I. fonde l’Union de la jeunesse juive (UJJ),animée à Lyon par Jacques Kott et à Paris, par Robert Endewelt. Les jeunes juifs communistes, qui participent déjà au sauvetage des enfants juifs, rejoignent l’UJJ. La nouvelle organisation vise une union très large des forces démocratiques de la jeunesse juive sur tout le territoire. En juin 1943, la publication Jeune Combat devient l’organe principal de l’UJJ.
Tout comme l’UJJ, dont elle a favorisé la création, l’UJRE est une organisation clandestine visant l’union pour la Libération du pays et l’amélioration du sort des Juifs. Elle va fédérer toutes les organisations clandestines résistantes issues de la section juive, notamment l’Union des femmes juives (UFJ) et l’UJJ auxquelles se joignent les Juifs engagés dans les FTP-M.O.I.
Malgré les conditions de la clandestinité, l’UJRE mobilise ses militants et, surtout, en recrute des centaines de nouveaux. Elle se rapproche également des autres organisations juives comme les EIF ou l’OSE.
Au sud (à Lyon puis à Toulouse, Marseille et Grenoble), des groupes de combat composés, entre autres, des jeunes Juifs de l’UJJ, prennent le nom de groupes de combat de l’UJRE, dont un dixième rejoindra les FTP-M.O.I.
Les groupes de combat de l’UJRE s’entraînent assidûment et passent progressivement du sabotage à l’action militaire. Cependant, contrairement aux FTP-M.O.I., les membres de ces groupes ne mènent pas une vie exclusivement militaire. Ils conservent un mode de vie apparemment légal, ne sont pas pris en charge par l’organisation et subviennent à leurs propres besoins.
NAZISME
Le nazisme a pour but de créer une communauté nationale fondée sur la race épurée des Allemands (la race aryenne). Elle doit aussi être « améliorée » : par exemple, les opposants politiques et les individus qui manifestent des « comportements asociaux », tels les homosexuels, doivent être rééduqués dans des camps de concentration. Ceux qui sont biologiquement indésirables (handicapés, malades mentaux) doivent être expulsés de la communauté. Les “sous-hommes”, tels les Slaves, les Asiatiques, Arabes et Noirs peuvent être dominés. Les Tziganes, aryens supposés corrompus par des mélanges raciaux qui leur ont fait perdre leur aryanité, sont déportés et exterminés. On estime à 200.000 le nombre de Tziganes victimes de cette politique génocidaire.
Selon la doctrine nazie, les Juifs sont situés hors de la « sous-humanité » et constituent une menace permanente pour la pureté aryenne ; élément d’anéantissement de la communauté, la « souillure juive » doit être combattue, au regard d’Hitler et de ses adeptes, par tous les moyens jusqu’à la disparition de tous les Juifs.
Les mesures antijuives sont toujours présentées comme une réponse au « danger » venant des Juifs « agresseurs ». Pour détruire cette « race », les nazis mettent en œuvre la « solution finale de la question juive ».
Cette politique criminelle d’extermination des Juifs, systématique, programmée et à grande échelle, sur l’ensemble du continent européen, entraîne la mort de près de 6 millions d’êtres humains.
Au lendemain de la chute du régime nazi, ses principaux dirigeants sont jugés lors du procès de Nuremberg (novembre 1945-octobre 1946) et condamnés pour crimes de guerre et crimes contre l’Humanité.
Référence
Benbassa Esther (collectif), 2010, Dictionnaire des racismes, de l’exclusion et des discriminations. Larousse À présent.
RÉGIME DE VICHY, GOUVERNEMENT DE VICHY
Référence
Paxton Robert O., La France de Vichy 1940-1944,1973, nouvelle édition 1999, Éditions du Seuil.
RAFLE DE MARSEILLE
Dès lors, la Résistance armée s’intensifie, le 3 janvier des explosifs sont jetés au sein de l’hôtel Splendide, très fréquenté par les Allemands.
Simultanément, une maison de tolérance réservée aux troupes d’occupation est détruite. Les habitants des quartiers populaires sont soupçonnés.
Himmler (principal responsable de la mise en application de la « solution finale de la question juive ») ordonne l’arrestation des « criminels de Marseille » (Juifs et étrangers), leur déportation vers l’Allemagne avec un chiffre fixé à 8000 personnes et la destruction de leur quartier.
La contribution de la police française et de la « garde mobile de réserve » est requise.
Pour la participation française à l’opération, la rafle est placée sous l’autorité de René Bousquet, secrétaire général de la police du régime de Vichy, mandaté par Pierre Laval, chef du gouvernement.
Bousquet obtient des renforts policiers (1200 hommes) et propose d’élargir l’opération à toute la ville.
Les 22 et 23 janvier 1943, le quartier du Vieux-Port est bouclé, les maisons sont fouillées pendant 36 heures, près de 6000 personnes sont arrêtées avec brutalité. Environ 4000 sont relâchées, mais 1642 sont envoyées, dès le 24 janvier, au camp de transit de Royallieu-Compiègne.
782 Juifs, dont 570 de nationalité française, partent directement pour le camp de transit de Drancy, puis seront déportés le 23 et le 25 mars vers Sobibor.
Le 24 janvier 1943, les autorités, xénophobes, cible les Arméniens, les Italiens et les Africains.
25000 habitants sont évacués, 5000 s’échappent. Parmi les 20000 personnes envoyées au camp militaire de Fréjus, les Allemands en extraient 800, issues de familles italiennes, corses marseillaises (et juives qui ont échappé à la première étape de la rafle), auxquelles s’ajoutent 600 suspects. Tous sont déportés au camp de concentration de Sachsenhausen.
100 personnes, à peine, survivront.
L’opération « Sultan » est achevée. Les Allemands, du 1er au 17 février 1943, rasent entièrement le cœur populaire de Marseille, surnommé par les nazis« la verrue de l’Europe » : 1494 immeubles sont démolis, laissant place à des amoncellements de ruines.
Références
— Rajsfus Maurice, 1995, La Police de Vichy : Les forces de l’ordre françaises au service de la Gestapo, 1940-44. Ed. Le Cherche Midi
— Richardot Robin, 2021, À Marseille, la rafle oubliée du Vieux-Port. Le Monde.
Adolf Hitler
Adolf Hitler naît en Autriche, à Braunau am Inn, le 20 avril 1889. Il achève ses études à 16 ans et entreprend sans succès une carrière d’artiste peintre. À Vienne, il s’imprègne des théories politiques liées au pangermanisme antisémite. À la fin de la Première Guerre mondiale, il vit l’armistice comme une trahison nationale. Au début de 1919, Hitler est recruté au sein de l’armée comme propagandiste anti bolchévique.
En 1920, il prend la direction du Parti ouvrier allemand national-socialiste. Ses thèmes : ultranationalisme, antisémitisme, antiparlementarisme, anticommunisme, dénonciation du « diktat » du Traité de Versailles (traité de paix entre l’Allemagne et les alliés). Hitler porte à son paroxysme l’exaltation des foules qu’il fanatise. Il tente un coup d’État le 8 novembre 1923 mais échoue.
En prison, il rédige Mein Kampf (Mon combat) qui paraît en 1925. À la faveur d’une situation économique et sociale difficile, Hitler, qui se consacre à la glorification du nazisme, est nommé chancelier par le Président Hindenburg, le 30 janvier 1933. Dans la nuit du 30 juin 1934, dite « la Nuit des longs couteaux », il ordonne à l’armée d’exécuter nombre d’opposants politiques.
À la mort d’Hindenburg, le 2 août 1934, Hitler lui succède à la présidence du Reich et s’octroie les postes de chancelier et de Führer (« le guide »). Il édicte des mesures raciales anti-juives radicales rassemblées dans les lois de Nuremberg, en 1935. Les Juifs, les opposants politiques et les démocrates sont envoyés dans des camps de concentration.
Se fondant sur l’idée d’appartenance des Allemands à une supposée « race » supérieure, la « race aryenne », Hitler se lance dans une politique dictatoriale de conquêtes territoriales et annexe les pays germanophones limitrophes : l’Autriche, la Tchécoslovaquie. En 1940, les armées allemandes envahissent le Danemark et la Norvège puis les Pays-Bas, la Belgique et la France. Hitler devient le maître d’une grande partie de l’Europe.
En 1941, il envahit l’URSS. À partir de 1942, il applique la « solution finale » qui doit aboutir à l’extermination des Tziganes et de tous les Juifs du continent européen. Près de 6 millions de Juifs sont assassinés. Le 30 avril 1945, les troupes de l’Armée rouge pénètrent dans Berlin. L’Europe est en ruines mais les alliés remportent la guerre. Hitler met fin à ses jours dans son bunker. Le nazisme, symbole du « mal absolu » est vaincu.
Référence :
Kersaudy François, 2013, Hitler, Édition Perrin.
FRONT NATIONAL DE LUTTE POUR LA LIBÉRATION ET L'INDÉPENDANCE DE LA FRANCE
Implanté dans les milieux intellectuels grâce au journal L’Université libre, le Front National ne se développe qu’à partir de la fin 1942 sous l’impulsion des communistes Pierre Villon et Madeleine Braun. Début avril, un manifeste définit les buts du FN : l’action immédiate en vue de l’insurrection et l’union de la Résistance. L’objectif est double : la création d’un « gouvernement français ayant pour chef le général de Gaulle et confiant le commandement des forces armées au général Giraud » et la fusion des mouvements [de Résistance] en une seule « France combattante ».
Dans la lutte contre le Service du travail obligatoire (STO) et pour l’aide aux réfractaires, organisés en « groupes de combat » (zone nord) et maquis (zone sud), les comités locaux et départementaux du FN se développent au cours de l’été 1943.
Parallèlement, la « grève des battages » (sabotage des engins de moissons pour ne pas fournir du blé à l’Allemagne) révèle la combativité des comités de paysans. Après l’insurrection corse, le FN, reconnu comme mouvement de Résistance et représenté par Pierre Villon, prend une part essentielle à l’élaboration du programme d’action (adopté par le Conseil national de la Résistance, le CNR, le 15 mars 1944).
À partir de janvier 1944, le Front National joue un rôle majeur dans la Résistance armée. Il exerce rapidement son autorité sur les FTP.
Fin 1943, une imprimerie clandestine, dirigée par Cécile Cerf, résistante FTP-M.O.I. en zone nord, édite et reproduit tracts et journaux clandestins du Front national-FTP et FTP-M.O.I., jusqu’en mai 1944.
Dans les combats de la Libération, le Front National joue un rôle actif dans l’insurrection nationale. Fin janvier 1945, cette organisation compte 600 000 adhérents.
NB : Jean-Marie Le Pen, dirigeant d’extrême-droite, s’est emparé de l’appellation « Front national » pour créer un parti politique (de 1972 à 2018), en contradiction totale avec les valeurs du Front national d’origine.
Références
— Virieux Daniel in : F. Marcot (dir.) 2006, Dictionnaire historique de la Résistance. Éditions Robert Laffont.
— Gronowski Ludwik, pseudo Brunot, commandant FFI, ex-dirigeant national du Front National au sein de la M.O.I. 1958, Attestation de Résistance. Washington, USHMM.
SECTION JUIVE DE LA M.O.I.
La section juive yiddishophone, très active, est à la tête de nombreuses institutions sociales et culturelles.
Certains permanents sont membres du Parti communiste. Ils ont, à leurs côtés, quelques centaines d’adhérents qui conservent une activité professionnelle et militent dans le milieu des Juifs immigrés, regroupés, principalement, dans les quartiers populaires du centre et de l’est de Paris.
L’instrument principal de leur influence est, depuis 1934, le journal yiddish quotidien, La Naïe Presse (La Presse Nouvelle). Ces militants agissent au sein de ce qu’on nomme des organisations « de masse », réseaux d’associations diverses qui servent de courroies de transmission pour les mots d’ordre du Parti. Ce sont des viviers d’initiation politique et de recrutement.
Ainsi, la Kultur Ligue, cœur de la vie sociale des jeunes Juifs immigrés, s’installe 10 rue de Lancry et devient en même temps qu’un organisme culturel, une sorte de Bourse du travail et de logement, un bureau de renseignement pour l’obtention de papiers d’identité et de travail. Sous son égide, se créent une bibliothèque, un théâtre yiddish, une chorale, une section de jeunes, un club sportif, un dispensaire, un patronage, des colonies de vacances, une organisation de femmes, des sociétés de villes selon les origines des immigrés… Il s’agit de l’esquisse d’une contre-société couvrant toutes sortes de besoins.
Ces Juifs internationalistes participent aux luttes du mouvement ouvrier français auquel ils sont liés organiquement.
Ils sont partie prenante des combats antifascistes et très présents lors des grandes grèves de 1936 pour soutenir le Front populaire. Ils appuient la république espagnole et beaucoup s’engagent dans les Brigades internationales.
Ils soutiennent la culture yiddish et dénoncent les mesures contre les immigrés, l’antisémitisme en France et les persécutions anti-juives dans l’Allemagne hitlérienne.
Référence
Cukier Simon, Decèze Dominique, Diamant David, Grojnowski Michel, 1987, Juifs révolutionnaires, Paris, Messidor/Éditions Sociales
"SOLIDARITÉ"
L’action sociale n’y est jamais séparée de l’action politique et la mission de « Solidarité » est quadruple :
1. Aider matériellement les familles des combattants juifs, morts, prisonniers ou internés dans les camps du régime de Vichy.
2. Empêcher l’isolement de la population juive.
3. Préciser la position politique du Parti communiste en général et à l’égard des Juifs en particulier.
Selon le PCF, l’éradication de l’antisémitisme suppose l’instauration du communisme. Dans la conjoncture présente, le Parti estime que la « question juive » est du ressort de la section juive de la M.O.I. et de « Solidarité ».
4. Diffuser l’information sur l’ensemble de la situation.
L’importance de la presse n’a jamais échappé aux communistes. Les anciens rédacteurs de La Naïe Presse (dont L. Gronowski, ex-rédacteur en chef) se remobilisent.
Le journal reparaît clandestinement en septembre 1940, sous un titre yiddish, déjà utilisé brièvement en octobre 1939, Unzer Wort. Par la suite, la version française aura pour titre Notre Voix ou encore Notre Parole, la parole de l’opposition des Juifs communistes au pétainisme et à l’antisémitisme.
En novembre 1940, cinquante groupes de « Solidarité » fonctionnent à Paris.
Très rapidement, proches de « Solidarité », se créent des sections d’intellectuels juifs, d’artistes, de médecins, de juristes.
Des organisations comme l’Union des femmes juives, l’UFJ, qui, au début 1941 ou l’Union des Jeunesses Communistes juives, l’ UJCJ, vont jouer, auprès de « Solidarité » un rôle spécifique dans la lutte contre Vichy et, plus tard, contre l’occupant.
Ces organisations s’engagent précocement dans la Résistance. Dès l’été 1941, elles fournissent des combattants à la lutte armée qui débute et la soutiennent politiquement et matériellement.
Référence
Cukier Simon, Decèze Dominique, Diamant David, Grojnowski Michel, 1987, Juifs révolutionnaires, Messidor/Éditions Sociales.
UNION DES JUIFS POUR LA RÉSISTANCE ET L'ENTRAIDE (UJRE)
La création de l’UJRE participe de la même démarche d’élargissement. Après l’entrée des Allemands en zone sud et les déportations massives, la communauté de destin des Juifs, immigrés ou français, est désormais évidente. C’est dans ce contexte qu’au printemps 1943, se réunit clandestinement la conférence de 7 responsables des centres de Résistance des zones Nord et Sud liés à la section juive de la M.O.I. : Idel Korman, Edouard Kowalski, Adam Rayski, Sophie Schwartz, Thérèse Tennenbaum, de la direction parisienne, Charles Lederman et Jacques Ravine de la direction de la zone sud. Ils décident la création d’un organisme central clandestin de coordination, l’Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide, l’ UJRE, qui fédère en son sein d’autres organisations clandestines : « Solidarité » des deux zones, l’Union de la jeunesse juive, l’UJJ, l’Union des femmes juives, l’UFJ, les comités juifs du secours populaire, la commission intersyndicale juive, les groupes armés juifs des FTP-M.O.I.
Notre Parole et Droit et Liberté deviennent les organes de l’UJRE en français. Unzer Wort paraît en yiddish. L’UJRE se veut ouverte à tous les Juifs. Elle impulse aussi l’unification partielle de la Résistance juive au sein d’un Comité Général de Défense, donnant naissance en 1944 au CRIF, Conseil représentatif des Israélites de France.
Des groupes de combat existent déjà sous l’égide de « Solidarité ». Ils prennent le nom de « groupes de combat de l’UJRE » et connaissent une grande extension. À la différence des FTP-M.O.I., leurs membres gardent une activité civile. Ils agissent soit en appui des FTP-M.O.I., soit de façon autonome. Ces groupes jouent un rôle éminent dans les combats de la Libération.
Grâce à son action multiforme, l’influence de l’UJRE dans la population juive immigrée progressiste est considérable au moment de la Libération.
Références :
— Ravine Jacques, 1973, La Résistance organisée des Juifs en France, Julliard.
— Diamant David, 1971, Les Juifs dans la Résistance française, Le Pavillon.
— Cukier Simon, Decèze Dominique, Diamant David, Grojnowki Michel, 1987, Juifs révolutionnaires, Messidor/Éditions sociales.
Idel Korman
(Idl Kormann ou Idel Korman)
(1905-1977)
Judas Barsczewski, dit Idel Korman, naît le 14 mai 1905 en Pologne, à Varsovie.
Il est le frère de Léa, future mère d’Henri Krasucki.
Dans les années 30, Il fuit la Pologne où sévissent misère et antisémitisme et gagne la France.Il exerce, à Paris, le métier de tapissier.Dès la fin septembre 1940, il intègre la direction centrale de « Solidarité », première organisation juive de Résistance (initiée par la section juive de la M.O.I.).
Le 29 septembre, il est interpellé par des policiers ; on trouve sur lui Unzer Wort (Notre Parole) journal clandestin en yiddish. Il est incarcéré, comme suspect communiste, à la caserne des Tourelles d’où il sera libéré en janvier 1941.
Le 14 mai 1941, comme tous les Juifs étrangers (allemands, tchèques et polonais…) il est convoqué à la Préfecture de police mais ne s’y présente pas : c’est la rafle du « Billet vert ».
En septembre 1941, une grève des gantiers est organisée et Idel Korman en devient rapidement l’organisateur. Cette grève aboutit au sabotage de 160000 paires de gants à destination des soldats allemands. « C’était une honte de travailler pour la machine de guerre hitlérienne ».
Korman reprend alors sa participation à « Solidarité » et devient trésorier du comité du 11 ème arrondissement.
Au printemps 1943, il participe à Paris à une réunion rassemblant des représentants des centres de Résistance juifs de la M.O.I. des deux zones ; objectif : réunir tous les Juifs impliqués dans la lutte contre l’Occupant. L’Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide (UJRE) est créée au printemps 1943. Elle regroupe toutes les organisations clandestines : « Solidarité », et son corollaire en zone sud, le « Secours populaire », l’Union des femmes juives (UFJ), l’Union des jeunes Juifs (UJJ), les groupes de combat de l’UJRE du Sud, les FTP-M.O.I., nord et sud, et la Commission intersyndicale juive.
Idel Korman, adjoint d’Adam Rayski (responsable national) est en charge de l’organisation et des services techniques de la section juive à Paris.
Après plusieurs mois de filature, Il est arrêté le 28 juin 1943 avec une cinquantaine de militants de la direction politique de la section juive de la M.O.I. Il est soumis, à la Préfecture de police, à des interrogatoires et des tortures par les Brigades spéciales, interné au camp de Drancy puis déporté à Auschwitz, le 7 octobre 1943.
Le 7 mai 1945, il est libéré par les troupes soviétiques.
A la Libération, il devient permanent à l’UJRE.
En 1954, il part en Pologne dont il va revenir, dans les années 1970, avec sa compagne et camarade de combat, Techka Tenenbaum.
Il meurt à Paris en 1977.
Références
— Ravine Jacques, 1973, La Résistance organisée des Juifs en France. Ed. Julliard
— Le Maitron, Daniel Grason
— Courtois Stéphane, Denis Peschanski, Adam Rayski, 1989, Le Sang de l’étranger, Ed. Fayard
Edouard Kowalski
dit Tcharny
(1904-1991)
Edouard Kowalski, de son vrai nom Samuel Goldziuk, naît le 16 avril 1904 à Szczuczyn en Pologne. Entre 1926 et 1929, il étudie les mathématiques et la physique à l’université Jagellon à Cracovie. Il adhère au Parti communiste polonais (KPP) en 1925. Il fait déjà partie de l’organisation étudiante “Zycie”.
En 1928-1929, il est membre du comité régional du Parti communiste à Cracovie. En 1929, il est arrêté par le pouvoir et relâché au bout d’un mois pour absence de preuves. Plus tard, il est recherché par la police, le parti l’envoie alors en Tchécoslovaquie puis à Berlin où il reste six mois en tant que réfugié politique avec l’aide du Secours Rouge international. Arrêté à Berlin durant le congrès européen de la paysannerie, il est relâché. Le Parti communiste allemand l’envoie en France à l’été 1930.
En France, il s’installe d’abord à Paris puis à Toulouse au début de l’année 1932. Il rejoint les rangs du PCF. Il travaille pendant un an dans une entreprise comme manutentionnaire. Recherché par la police pour activité militante, il se réfugie à Paris en 1934 où il dirige “l’Entraide Ouvrière” et participe au lancement de La Naïe Presse, le quotidien en yiddish de la section juive de la M.O.I.
En 1935, avec l’avocat Henri Lewin, vice-président de la LICA (Ligue Internationale Contre l’Antisémitisme), il travaille à un projet de statut juridique pour les immigrés ; il est en même temps Secrétaire général du rassemblement mondial contre le racisme. Excellent orateur, il impressionne les militants qui assistent le mercredi soir aux rencontres de la Kultur Ligue (organisation culturelle de la section juive de la M.O.I.), rue de Lancry.
Kowalski est, de 1937 à 1939, le porte-parole de la section juive de la M.O.I. à la tête de laquelle, à partir de la fin de 1938, il seconde Jacques Kaminski. Pendant l’Occupation, il assure la direction de la section juive clandestine puis dirige le MNCR (Mouvement National Contre le Racisme) dont il est l’un des fondateurs à l’été 1942.
Adjoint à la direction de la M.O.I., responsable des groupes armés, il devient en juin 1943 le responsable de la M.O.I. pour la zone sud.
Après la Libération, il revient à Paris et devient Secrétaire général du CADI (Centre d’Action et de Défense des Immigrés) qui revendique un statut juridique pour les immigrés.
Après son retour en Pologne en 1948, Edouard Kowalski travaille dans l’édition, il est l’un des trois secrétaires nationaux de la FIR (Fédération Internationale des Résistants) et représente la Pologne au bureau international de cette organisation.
Il meurt à Varsovie le 5 avril 1991.
Référence
Courtois Stéphane, Peschanski Denis, Rayski Adam, 1989, Le sang de l’étranger, Fayard.
Adam Rayski
(dit Marcel)
(1914 – 2008)
Adam Rayski, de son vrai nom Abraham Rajgrodski, naît à Bialystok (Pologne) dans une famille juive de petits commerçants. Engagé dès 16 ans dans l’action révolutionnaire, à l’exemple de son oncle, dirigeant du PC polonais, il adhère aux Jeunesses communistes et en devient le responsable. Exclu du lycée pour son activité politique, repéré par la police et menacé d’être arrêté, il quitte la Pologne en septembre 1932, à 18 ans.
À Paris, il devient apprenti dans la confection. Il se forme comme journaliste et suit des cours à l’Institut d’études politiques et à l’École pratique des hautes études. Il milite au sein de la section juive de la M.O.I. et débute à La Naïe Presse, le quotidien en langue yiddish de la section juive ; parallèlement, il est stagiaire à L’Humanité.
À l’automne 1938, Louis Gronowski, dirigeant national de la M.O.I., lui confie la direction de La Naïe Presse, en tandem avec G. Kenig.
En septembre 1939, le journal est interdit comme toutes les publications communistes, mais reparaît clandestinement dès octobre, sous le titre de Unzer Wort (Notre Parole). Rayski reste à son poste jusqu’à sa mobilisation le 20 mai 1940 dans l’armée polonaise. Fait prisonnier, il s’évade et rentre à Paris le 14 juillet. Membre de la direction clandestine de la M.O.I., il se consacre à la reconstitution de la section juive.
En avril 1941, Rayski est envoyé en zone sud pour mettre en œuvre l’évasion des communistes étrangers internés dans les camps de Gurs et du Vernet. Revenu à Paris, il assure la direction politique de tous les organes de presse de la section juive de la M.O.I. et du Mouvement national contre le racisme (MNCR). Il supervise les diverses structures de Résistance : Union des femmes, mouvements de jeunes, groupes de sauvetage d’enfants…
Pour rendre hommage à l’insurrection du ghetto de Varsovie, il écrit deux articles : l’un pour Notre Voix et l’autre pour J’accuse et Fraternité, journaux du MNCR.
Il est chargé de sélectionner les combattants pour le 2ème Détachement juif des FTP-M.O.I. parisiens démantelé par la police en juin 1943 : de nombreux militants de la section juive sont arrêtés, torturés, déportés. Rayski, identifié par les services de police, est recherché mais réussit à s’échapper et rejoint Lyon.
À l’hiver 1943-1944, Rayski joue un rôle essentiel dans les négociations aboutissant à la création du Comité Général de défense des Juifs qui devient dès janvier 1944, le Conseil représentatif des israélites de France (CRIF).
En 1949, il retourne en Pologne où il exerce d’importantes responsabilités. En raison de la campagne antisémite qui y sévit, il regagne la France en 1957.
Il se consacre, désormais, à un travail d’Histoire et de Mémoire.
Il meurt à Paris le 11 mars 2008.
Références
— Courtois Stéphane, Peschanski Denis, Rayski Adam,1989, Le Sang de l’étranger, Fayard.
— Rayski Adam, 1985, Nos illusions perdues. Balland
Sophie Schwartz
(1905-1999)
Sophie Schwartz (ou Schwarc) naît en Pologne, à Lodz, le 28 décembre 1905. Elle est marquée par une vague de pogroms à laquelle elle est confrontée. Elle adhère, à 14 ans, au Bund, mouvement socialiste juif, puis aux Jeunesses communistes clandestines en 1922.
Arrêtée en 1924, elle fuit Lodz pour les Pays-Bas puis pour la Belgique ; elle est ouvrière pour gagner sa vie. Elle adhère à la Kultur Ligue (Kultur Liga), organisation juive culturelle démocratique. Elle y rencontre Leizer Micnik, son futur mari. Militant communiste actif, il est expulsé de Belgique et s’exile en France avec Sophie.
À Paris, en 1930, ils poursuivent leur activité militante au Parti communiste et à la Kultur Ligue.
En 1935, Sophie Schwartz fonde, avec d’autres militantes de la Kultur Ligue, une organisation d’entraide, le « Mouvement des femmes juives contre le fascisme et la guerre ».
En septembre 1940, elle cofonde, avec d’anciens militants de la section juive de la M.O.I., l’organisation clandestine « Solidarité » qui va jouer un rôle majeur dans la Résistance en France. Le « Mouvement des femmes juives contre le fascisme et la guerre » devient alors « l’Union des femmes juives » (UFJ), partie prenante de « Solidarité ».
En outre, Sophie Schwartz est responsable du « groupe technique de « Solidarité » qui prend en charge l’impression de tracts et du journal communiste juif clandestin Unzer Vort. L’année suivante, elle intègre la direction de la section juive de la M.O.I. en zone occupée. Elle fonde une Commission de l’Enfance et est très engagée dans le sauvetage des enfants juifs, au nord comme au sud, notamment au sein du Mouvement national contre le racisme (MNCR).
Au printemps 1943, la résistance juive communiste des zones Nord et Sud se regroupe en un seul organisme, l’Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide (UJRE), créée par plusieurs résistants, dont Sophie Schwartz.
Traquée par les Brigades spéciales, elle échappe aux arrestations et passe en zone Sud. Elle assume la direction politique d’un groupe de combat de l’UJRE. Elle accède au grade de lieutenant FTP-M.O. I et, dans l’immédiat après-guerre, elle fait partie des co-fondateurs de la Commission centrale de l’enfance (CCE) auprès de l’UJRE qui prend en charge les enfants juifs orphelins de la Shoah.
Elle en est la secrétaire générale jusqu’à la fin 1950 et décide de regagner la Pologne. En butte à l’antisémitisme des dirigeants polonais, elle rejoint la France en 1969. Elle y meurt le 17 janvier 1999 en région parisienne à Boulogne-Billancourt.
Référence
— Collectif AACCE, 2009, Les Juifs ont résisté en France (1940-1945). Ed. AACCE
— Photo : Mémorial de la Shoah, coll. Gruschow
Techka Tenenbaum
(dite Thérèse)
(1908-2001)
Techka (ouTeschka) Tenenbaum, de son vrai nom Tauba Forszteter, naît en Pologne le 15 mai 1909 à Ostrowiec.
Elle fuit l’antisémitisme et se réfugie en France.
Très vite, elle milite, à Paris, au syndicat de la confection pour dames.
Début septembre 1940, six semaines après le début de l’Occupation, elle participe, avec plusieurs responsables de la section juive de la M.O.I., au 54 rue Custine, dans le 18ème arrondissement de Paris, à la première réunion de « Solidarité » (organisation clandestine juive dont la tâche immédiate est d’apporter une aide matérielle aux familles de combattants et de prisonniers de guerre).
Parallèlement à « Solidarité », qui va jouer un rôle majeur dans la Résistance, et en étroite liaison avec elle, l’Union des femmes juives (UFJ) se constitue sous l’impulsion de quelques militantes (notamment Techka Tenenbaum elle-même et Sophie Schwartz).
Techka, dite aussi Thérèse, est très vite cooptée à la direction de la M.O.I. à Paris.
À l’été 1942, sous sa direction, des femmes, dont 60 militantes chrétiennes se rassemblent au métro Jaurès et gagnent le camp de Drancy chargées de colis pour les femmes et les enfants internés. Le commandant du camp refuse les colis mais, devant l’ampleur des protestations de ces femmes qui trouvent un écho à l’intérieur du camp, il cède.
Fin août 1942, après la rafle du Vel ‘d’Hiv’, Techka Tenenbaum est à la tête d’une manifestation de femmes juives et non juives devant le camp de Drancy pour exiger la libération immédiate des enfants, des vieillards et des malades.
Le 11 septembre, elle participe, à Paris, à un rassemblement devant la Direction du service des prisonniers de guerre pour réclamer une garantie de non-déportation et de non-internement pour les familles des prisonniers.
L’Union des femmes juives organise, avec le Mouvement national contre le racisme (MNCR) le 16 février 1943, le sauvetage de 63 enfants juifs, rassemblés dans un centre de l’Union générale des Israélites de France (l’UGIF) et menacés de déportation. Les enfants sont exfiltrés du centre de la rue Lamarck à Paris et confiés, par l’intermédiaire du pasteur Paul Vergara et de l’assistante sociale Marcelle Guillemot, à de nombreuses femmes protestantes chargées de cacher ces enfants puis de les confier à des familles d’accueil.
Au printemps 1943, Techka Tenenbaum participe à la création de l’UJRE (Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide).
Elle est ensuite envoyée en mission dans l’Est de la France et remplit les fonctions de responsable interrégionale de la M.O.I.
Le 6 janvier 1944, elle est déportée au camp de concentration de Ravensbrück.
À la Libération, elle devient permanente de l’UJRE avant de regagner la Pologne, avec son compagnon, le résistant Idel Korman, co-fondateur, comme elle, de l’UJRE.
Elle rentre en France et meurt à Paris le 13 décembre 2001.
Références
— Diamant David, 1971, Les juifs dans la Résistance française (1940-1944). Ed Le Pavillon, Roger Maria Editeur
— Collectif AACCE, 2009 Les Juifs ont résisté en France. Ed. AACCE
— Ravine Jacques, 1973, La Résistance organisée des Juifs en France. Ed Julliard
— Photo (DR)
Charles Lederman
(1913-1998)
Charles Lederman, né à Varsovie, arrive à Paris à l’âge de trois mois. Ses parents, ouvriers, ne parlent que le yiddish. Avocat en 1933, il commence sa vie professionnelle à la Ligue des Droits de l’Homme, au service des étrangers. En 1934, il adhère au Parti communiste.
Mobilisé à la déclaration de la guerre, il combat à Dunkerque, est fait prisonnier en juin 1940, s’évade et rejoint Lyon.
Il entre dans la Résistance et devient l’un des dirigeants de la section juive clandestine de la M.O.I. en zone sud. A la demande de l’Œuvre de secours aux enfants, l’OSE, de Montpellier qui s’emploie à faire sortir légalement les enfants juifs des camps d’internement, Charles Lederman est le premier résident volontaire dans le camp de Rivesaltes. En octobre 1941, suspecté d’avoir favorisé l’évasion de plusieurs internés juifs, il est écarté du camp. En novembre, il est nommé directeur du bureau lyonnais de l’OSE qui s’engage très rapidement dans l’illégalité en procurant de faux papiers et des planques pour les familles juives.
Grâce à ses liens avec l’abbé Glasberg et le Père Chaillet, fondateur du Témoignage Chrétien, Charles Lederman, après la rafle du Vel’ d’Hiv, rencontre le Père de Lubac, responsable des Jésuites, qui l’introduit auprès de l’archevêque de Toulouse, Mgr Saliège. Charles Lederman l’informe de la situation des Juifs. Et le 23 août 1942, dans toutes les églises du diocèse, est lue en chaire la lettre pastorale (…) Les Juifs sont des hommes, les Juives sont des femmes… Ils sont nos frères comme tant d’autres (…). Cette première protestation publique est reprise par d’autres prélats.
Directeur de l’OSE de Lyon, Charles Lederman met en œuvre avec cette organisation et des membres d’associations sociales juives et chrétiennes, le sauvetage de 108 enfants juifs internés dans le camp de Vénissieux, près de Lyon, qui seront accueillis dans des familles ou des couvents. C’est le plus grand sauvetage d’enfants juifs durant l’Occupation.
Charles Lederman devient alors totalement clandestin. Il est l’un des fondateurs et dirigeants du Mouvement national contre le racisme, le MNCR. Après les arrestations massives à Paris de nombreux responsables de la section juive de la M.O.I., Lederman est appelé en zone nord et ne cesse, durant le conflit, parallèlement à ses responsabilités au MNCR, de rédiger de très nombreux tracts et articles.
Au printemps 1943, il cofonde l’Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide, UJRE, dont il sera président jusqu’à sa mort.
À la Libération, il reprend sa profession d’avocat. Il est élu sénateur communiste à partir de 1977. En France, comme à l’étranger, il combat, jusqu’à sa mort, pour la défense des libertés et des droits des opprimés.
Références
— Portheret Valérie, 2020, Vous n’aurez pas les enfants. Ed. XO
— Photo : coll. particulière, Bassi-Lederman (DR)
Jacques Ravine
(1906-1984)
Jakob Szpejter, dit Jacques Ravine, naît en 1906 à Luck (Russie) ; cette ville est intégrée à la Pologne après la Première Guerre mondiale.
Jakob Szpejter y suit des études supérieures en électricité. En 1926, il adhère au Parti communiste et prend des responsabilités au niveau de la ville puis, en 1929-1930, au niveau de la région.
Il rejoint la France en 1931, fuyant la répression polonaise contre les communistes.
En France, jusqu’en 1935, il est secrétaire de la Kultur Ligue (organisation culturelle de la section juive de la M.O.I.).
Après deux années passées au Brésil, où il rejoint sa famille et milite au Parti communiste brésilien, il revient en France.
En 1937, pendant six semaines, il suit la formation de l’école centrale du PCF pour la Main-d’œuvre immigrée (M.O.I.)
Il devient ensuite, de 1937 à 1939, l’un des secrétaires des « Amis de La Naïe Presse », journal en yiddish de la section juive de la M.O.I.
De novembre 1939 à l’occupation, en 1940, il est responsable de la trésorerie des groupes clandestins juifs de la M.O.I. à Paris.
De 1940 à mai 1941 il est secrétaire de l’organisation « Solidarité » (organisation d’entraide et de Résistance de la section juive clandestine de la M.O.I.).
Puis à partir de mai 1941, jusqu’à septembre 1943, il devient responsable du secteur juif de la M.O.I., en zone sud.
Il est arrêté à Marseille, en novembre 1941, et condamné à sept mois de prison pour usage de faux-papiers. Grâce à l’aide de militants de Marseille, il parvient à sortir de prison et reprend, à Lyon, la direction du groupe juif de la M.O.I. en zone sud.
Il est envoyé à Paris pour une entrevue avec Louis Gronowski (responsable national de la M.O.I.) et Adam Rayski (responsable du Mouvement National Contre le Racisme (MNCR) et de la presse juive de la M.O.I. Il repart à Lyon et occupe le poste de responsable de la M.O.I. en zone sud.
De 1944 à 1947, il est secrétaire de l’Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide (UJRE).
Il meurt en 1984 à Paris.
Références
— Courtois Stéphane, Peschanski Denis, Rayski Adam, 1989, Le sang de l’étranger. Ed. Fayard
— Le Maitron, par Zoé Grumberg
— Photo : La Presse Nouvelle Magazine, n° 377. Juin 2020. (DR)
UNION DE LA JEUNESSE JUIVE (UJJ)
Au début de l’année 1943, la section juive décide de rassembler ses forces et crée l’Union des Juifs pour la Résistance et l’entraide (UJRE), à destination des adultes, et l’Union de la jeunesse juive (UJJ), à destination de la jeunesse. En 1943, la direction nationale de la section juive de la M.O.I., victime de nombreuses arrestations, se replie à Lyon où elle s’installe définitivement. L’UJJ va se développer surtout en zone sud.
Elle se veut distincte de la Jeunesse communiste juive mais lui reste très liée et constitue, surtout, un regroupement des sympathisants, quelles que soient leurs options politiques.
La JC/UJJ comprend 65 % de garçons, 35 % de filles et surprend par le nombre important de très jeunes militants. Ils sont presque tous issus de l’immigration juive ashkénaze d’Europe centrale et orientale, principalement d’origine polonaise. Ils appartiennent à des familles d’artisans ou d’ouvriers travaillant dans de petits ateliers de confection. A 80 %, ils habitaient Paris ou la région parisienne avant-guerre.
Beaucoup se connaissaient avant leur arrivée à Lyon, Grenoble ou Toulouse. Ces jeunes sont largement intégrés à la société française, mais ils entretiennent encore des liens avec leur culture d’origine.
En janvier 1944, la JC juive en zone sud compte 165 jeunes. À la même date, l’UJJ en recense 194. Quatre mois plus tard, leurs effectifs ont quasiment doublé. Les jeunes de la section juive de la M.O.I. composent, dès l’origine, un vivier dans lequel puisent les FTP-M.O.I. Par ailleurs, l’UJJ, comme l’UJRE, commence à organiser, dès la fin 1943, des “groupes de combat” Ceux-ci s’emparent, revolver au poing, des tickets d’alimentation dans les mairies, sabotent des panneaux indicateurs, s’attaquent aux vitrines de collaborateurs notoires… Il leur arrive même de désarmer des policiers ou de récupérer des armes sur des soldats allemands.
Les actions sont, au fil des mois, de plus en plus coordonnées avec celles des groupes de combat “adultes” de l’UJRE et même, dans les semaines qui précédent la Libération, avec celles des FTP-M.O.I. Des jeunes de l’UJJ, constitués en trois unités, vont participer activement à l’insurrection de Villeurbanne du 24 au 26 août 1944, aux côtés des combattants du groupe FTP-M.O.I. « Carmagnole. ».
Note personnelle de Claude Collin
Jacques Kott
(dit Richard)
(1922-2014)
Jacques Kott, né Yitshok Kott, naît le 25 décembre 1922 en Pologne, à Kalisz.
Issue d’une famille pauvre, il poursuit cependant des études jusqu’au baccalauréat et milite dans un mouvement sioniste de gauche, l’Hachomer Hatzaïr.
La famille quitte le pays en raison d’importantes difficultés matérielles et rejoint l’oncle paternel en France, à Roanne, dans les années 1937-1938.
Jacques Kott apprend le français en lisant, il s‘interroge, au détour de ses lectures, sur le mouvement communiste et prend contact avec des militants du PCF. Lors de la signature du pacte germano-soviétique, il exprime son désarroi.
Dès le début de la guerre, il souhaite rejoindre la Résistance ; il distribue des tracts dans les boîtes aux lettres, mais dès la fin 1941, il est contraint d’aller travailler la terre pour ne pas être réquisitionné dans les compagnies de travailleurs étrangers.
Kott se rend à Lyon en 1942 et retrouve des résistants. Il est l’un des protagonistes, en septembre 1942, d’une première réunion clandestine consacrée à l’union des jeunes Juifs résistants.
Leur activité consiste, entre autres actions, à imprimer des tracts et à les diffuser, devant les cinémas, lors de l’anniversaire de la bataille de Valmy (victoire de l’armée française en septembre 1792 contre la Prusse) ou, par exemple, le 11 novembre (date de signature de l’armistice en 1918).
Le groupe se charge aussi de la fabrication de faux papiers ; Jacques Kott fabrique lui-même ses premiers faux papiers au nom de Jean-Jacques Cotte.
Jacques Kott est aussi agent de liaison en zone sud : il transporte documents et armes entre Lyon, Marseille, Grenoble…
Il participe également à des sabotages, notamment des rails de tramways, et prend la parole devant les usines.
Au printemps 1943, la résistance juive communiste des zones Nord et Sud se regroupe en un seul organisme. C’est une étape décisive : l’Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide (UJRE) est née.
Simultanément, la section juive de la M.O.I. fonde l’Union de la jeunesse juive (UJJ) et Jacques Kott en devient l’animateur, à Lyon. Les militants de la Jeunesse juive communiste (JCJ) rejoignent l’UJJ. La nouvelle organisation vise le rassemblement des jeunes Juifs, sans distinction d’opinion politique.
Kott est chargé, à Lyon, de recruter, de former et d’organiser les groupes de combat de l’UJJ auprès de l’UJRE et des FTP-M.O.I. (Francs – Tireurs et Partisans de la M.O.I.). Il s’investit dans la lutte contre les persécutions raciales et la protection de la population juive en liaison avec le Mouvement national contre le racisme (MNCR).
Il se consacre parallèlement à la rédaction et la publication du journal clandestin de l’UJJ, Jeune Combat, dont il est le rédacteur en chef.
22 numéros sortent entre la fin 1942 et juillet 1944.
Jacques Kott meurt à Paris en 2014.
Références
— Wieviorka Annette, 1986, Ils étaient Juifs, résistants, communistes. Edition Denoël
— Interview vidéo de Jacques Kott. CHRD de Lyon
— Kott, Jacques, 2013, Combattant de l’ombre : de la Résistance juive aux procès staliniens. Ed. Syllepse
Robert Endewelt
(1923-2018)
Robert Endewelt naît à Paris le 26 octobre 1923 peu après l’arrivée en France de ses parents, Polonais originaires de Varsovie. Il apprend le métier de tailleur avec eux et suit des cours du soir de mécanique au Conservatoire des Arts et Métiers mais, après la mort de son père en mai 1940, il trouve un emploi dans la confection.
Dans les semaines qui suivent l’entrée des troupes allemandes dans Paris, il rejoint le groupe de jeunes communistes du 10ème arrondissement.
Dès 1941, il intègre l’Union des Jeunes Communistes Juifs de la M.O.I. (UJCJ ou JCJ), qui regroupe les jeunes issus de l’immigration d’Europe de l’Est, pour mener un combat particulier au fur et à mesure que les persécutions contre les Juifs s’intensifient. “C’est par cette branche spécifique de la M.O.I. que nous nous sommes engagés dans la Résistance nationale avec ce double objectif : agir pour la France, notre pays, et nous opposer par tous les moyens au projet d’extermination qui menaçait nos familles”… écrira-t-il.
En juin 1942, Robert Endewelt entre dans la clandestinité sous le nom de Gabriel Rapert, Gaby. Il devient membre du triangle de direction de l’UJCJ à Paris et en grande banlieue et prépare avec Henri Krasucki et Madeleine Wileszenski le passage des jeunes aux FTP-M.O.I.
Il participe en mai 1943 à la fondation de l’UJJ (Union de la Jeunesse Juive qui regroupe de jeunes Juifs désireux de se battre contre l’occupant, quelles que soient leurs options politiques). Après l’arrestation d’une cinquantaine de jeunes communistes juifs par les Brigades spéciales, Robert Endewelt-Gaby devient le responsable de l’UJJ en région parisienne jusqu’à la Libération.
Au printemps 1944, il est l’un des organisateurs des Milices patriotiques juives. Lors de l’insurrection d’août 1944, ils sont ainsi environ 200 jeunes à participer aux combats pour la libération de Paris.
Engagé volontaire dans le bataillon FFI 51/22, au sein de la compagnie Rayman, Robert Endewelt termine la guerre en Allemagne dans un régiment de tirailleurs algériens.
Jusqu’à sa mort, à Paris, le 17 octobre 2018, Il se consacre, au sein de plusieurs associations, au travail de mémoire de la Résistance.
Références
— AACCE (Association des amis de la Commission centrale de l’enfance), 2009, Les Juifs ont résisté en France (1940-1945). Ed. AACCE
— ANACR (Association nationale des anciens combattants de la Résistance) sous la direction de Robert Endewelt et de René Le Prévost, 2005, La Résistance dans le 19ème arrondissement de Paris. Ed. Le Temps des cerises.
— Photo : Le Maitron (DR)
UNION DES FEMMES JUIVES (UFJ)
Après la rafle du Vel’ d’Hiv et celles qui suivent, l’action de l’Union des femmes juives se développe : il faut organiser le sauvetage des enfants des internés et la lutte contre la déportation. En 1942, est mise en place une “Commission de l’Enfance” appelée parfois” Comité pour l’Enfance”. Plusieurs centaines d’enfants sont ainsi sauvés. Ils sont envoyés sous de faux noms à la campagne et le règlement de leur “pension” est assuré par l’UFJ qui bénéficie de nombreux soutiens dans la population. Une telle tâche exige une coopération avec des organisations françaises. Le Mouvement national contre le racisme, le MNCR, – dont les publications jouent un rôle essentiel dans l’information sur le sort des Juifs en France et l’extermination dans les camps de la mort – sert de trait d’union entre la Commission de l’enfance et la population française.
À plusieurs reprises, les enfants “bloqués” dont les parents sont internés ou déportés sont exfiltrés par ces femmes des organismes aux ordres de l’occupant, les fichiers permettant d’organiser des déportations sont détruits. C’est ainsi que le 16 février 1943, la Commission de l’enfance réussit à faire sortir d’un foyer de l’Union générale des Israélites de France (l’UGIF fondée par Vichy sur demande des nazis) rue Lamarck, 63 enfants que les Allemands s’apprêtent à déporter. Les enfants sont cachés à la campagne grâce à l’aide de Suzanne Spaak du MNCR et du pasteur Vergara. Outre le MNCR, ces actions sont menées en concertation avec d’autres organisations juives de sauvetage comme l’œuvre de secours aux enfants, l’OSE, ou des organisations chrétiennes. L’UFJ organise également la résistance à l’occupant dans divers secteurs, services de renseignements, transport d’armes et de matériel d’explosion, imprimeries clandestines et diffusion de la presse antifasciste.
Nombre d’entre ces résistantes seront déportées et ne reviendront pas.
À la Libération, la Commission de l’Enfance, animée par l’Union des femmes juives, deviendra la Commission Centrale de l’Enfance (CCE) auprès de l’Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide (UJRE).
Référence
Cukier Simon, Decèze Dominique, Diamant David, Grojnowski Michel, 1987, Juifs révolutionnaires. Ed. Messidor/Éditions sociales.
GROUPES FTP-M.O.I.
Parmi les résistants FTP-M.O.I., nombreux sont les anciens combattants des Brigades Internationales rompus au maniement des armes en Espagne et à la clandestinité dans leurs pays d’origine.
À leurs côtés, de très jeunes résistants sans expérience se portent volontaires. La répression particulière qui frappe les Juifs les rend plus rapidement combatifs.
Les Juifs d’origine immigrée sont versés dans plusieurs détachements mais le deuxième détachement est exclusivement juif. Une équipe spéciale est formée de combattants d’élite pour les opérations délicates. Des Juifs y participent.
Être FTP-M.O.I., c’est vivre en clandestin et se consacrer à plein temps à l’activité militaire. Les FTP-M.O.I. juifs sont pris en charge par la section juive de la M.O.I. et doivent couper tout contact avec leurs familles. Pour eux, à la fois résistants et juifs, la nécessité de la clandestinité est double.
Les FTP-M.O.I. sont, en France, des acteurs essentiels de la lutte armée qui commence par des actions isolées symboliques avant l’organisation d’une véritable guérilla urbaine ou de maquis en régions.
Ils ont pour responsables militaires des FTP et pour responsables politiques, des militants de la M.O.I.
Les attaques directes de ces combattants contre les objectifs militaires sont décisives : déraillements de trains ennemis transportant du matériel de guerre, lieux de commandement allemands incendiés, dépôts d’armes dévastés, camions militaires détruits, hôtels réquisitionnés par l’armée assaillis…
Les FTP. M.O.I. sont traqués dans la France entière. Les FTP-M.O.I. juifs peuvent mener des opérations concluantes grâce à l’aide de la Résistance civile de la section juive de la M.O.I. et d’une partie de la population française.
En 1944, les mouvements de Résistance se rassemblent en une structure unique, les Forces Françaises de l’Intérieur (FFI). Les FTPF et les FTP-M.O.I. sont intégrés aux FFI.
Les Juives et Juifs engagés militairement dans les FTP-M.O.I. sont mus, certes, par un désir profond de lutte face à l’extermination mais ils sont portés, tout autant, par un idéal de justice et par leur amour pour la République française.
Référence
Courtois Stéphane, Peschanski Denis, Rayski Adam, 1989, Le Sang de l’Étranger (Les immigrés de la M.O.I. dans la Résistance), Paris. Ed. Fayard
Manessis Dimitri & Vigreux, Jean, 2024, « Avec tous tes frères étrangers. De la MOE aux FTP-MOI ». Ed. Libertalia
ÉCLAIREURS ISRAÉLITES DE FRANCE (EIF)
Elle est officiellement nommée Service social des jeunes.
Après les nombreuses rafles dans les zones Nord et Sud, la 6ème devient une organisation de Résistance clandestine chargée de cacher des adolescents juifs (les jeunes de moins de 15 ans sont pris en charge par le réseau Garel de l’OSE). Institutions religieuses, internats, familles, particuliers, planques sûres, sont cherchés et mis à disposition des sauveteurs pour des enfants munis de faux papiers. Leur fabrication devient une des principales activités des EIF. Nombre d’associations de la Résistance en bénéficient. La « 6ème » agit en zone Nord et en zone Sud où son quartier général est fixé à Moissac, dans le Tarn.
Après les grandes rafles d’août 1942 en zone dite libre, de nombreuses arrestations ont lieu dans les fermes, les maisons et les camps gérés par les EIF.
Désormais totalement clandestins, les EIF travaillent en étroite collaboration avec le réseau du MJS (Mouvement des jeunes sionistes), le réseau Garel et le réseau André de Joseph Bass.
En janvier 1943, le chef du Commissariat général aux questions juives, Darquier de Pellepoix, donne l’ordre de dissoudre les EIF. Plusieurs responsables sont exécutés.
Le passage des EIF à la Résistance armée a lieu en novembre 1943 avec la création du maquis de la Montagne noire près de Vabre dans le Tarn, leur deuxième quartier général. Les jeunes EIF y sont chargés de la réception des parachutages, très fréquents dans le secteur.
Le 19 août 1944, la compagnie Marc Haguenau (du nom du secrétaire général des EIF, responsable du Service social, assassiné par la Gestapo pendant une tentative d’évasion) participe à la prise d’un train blindé de l’armée allemande entre Mazamet et Castres. Deux jours plus tard, elle s’implique dans la libération de Castres. En septembre, elle rejoint la 1ère Armée française du général de Lattre de Tassigny et est présente dans la bataille finale en Allemagne. La « 6ème » a participé à la Libération de la France et sauvé un grand nombre d’enfants juifs de la déportation mais beaucoup de ses membres ont été torturés, fusillés, déportés.
Référence :
Hersco Tsilla, avec le concours de Lucien Lazare. 2006, Organisation juive de combat. France 1940-1945. Ed. Autrement.
ŒUVRE DE SECOURS AUX ENFANTS (OSE)
Avec l’aide de “résidents volontaires” dans les camps d’internement et de plusieurs associations caritatives françaises, américaines et suisses, l’OSE réussit à faire sortir les enfants des camps de Gurs et de Rivesaltes où règne une affreuse misère. Elle obtient ce résultat en détournant la réglementation de Vichy qui accepte des dérogations pour les enfants de moins de 15 ans.
Afin de pouvoir les accueillir, l’OSE ouvre une quinzaine de homes et d’institutions spécialisées en France. 1 600 enfants y séjournent durant la guerre.
Au début de l’année 1942, l’OSE est intégrée autoritairement à l’Union Générale des Israélites de France, l’UGIF, comme toutes les organisations juives (sauf celles de la section juive de la M.O.I. devenues clandestines).
L’OSE passe alors d’un travail d’assistance à un travail de Résistance humanitaire notamment après les rafles d’août 1942 où les premiers enfants accueillis sont ceux qui ont été sauvés du camp de Vénissieux. Le danger impose de disperser les enfants. Georges Garel organise un circuit clandestin d’enfants, le Réseau Garel qui sauvera 1500 enfants juifs.
En 1944, l’assistance médico-sociale aux familles est la seule façade légale de l’OSE, dont le reste de l’activité (fabrication de faux papiers, entretien des enfants placés, filières de passage en Suisse…) est désormais totalement clandestin.
Avec d’autres résistants, Charles Lederman, directeur de l’OSE de Lyon, un des dirigeants de la section juive de la M.O.I., coopère avec d’autres organisations, notamment l’UJRE, le Comité Amelot, les Éclaireurs israélites de France, le réseau André et le MNCR pour sauver des enfants.
Références
— Loinger Georges, 2010, Les Résistances juives pendant l’Occupation. Ed Albin Michel.
— Poznanski Renée, 2006, Dictionnaire historique de la Résistance. Ed. Robert Laffont
GROUPES DE COMBAT de l'UJRE ET l'UJJ
Après le transfert en zone sud, à Lyon, de la direction nationale de la section juive, l’UJRE et l’UJJ organisent des « groupes de combat », à l’automne 1943. À la différence des combattants des groupes FTP-M.O.I. (créés en 1942), totalement clandestins en dehors des actions et rémunérés en tant que « permanents » par la Résistance, les membres des « groupes de combat » continuent à mener une vie civile familiale et professionnelle. Leurs actions, très risquées, vont des collages d’affiches, distributions de tracts, inscriptions sur les murs et prises de paroles, aux sabotages et aux actions armées où ils interviennent en renfort des FTP-M.O.I.(toujours très actifs au nord et au sud). Les plus aguerris peuvent, par la suite, y être mutés ; les « groupes de combat » constituent ainsi un vivier pour la Résistance armée proprement dite.
Ils sont conçus en trois détachements chez les adultes, quatre chez les jeunes.
Pour des raisons de sécurité, une structure en « triangle » est mise en œuvre : chaque groupe est constitué par trois équipes de trois membres chacune. De même à l’échelon supérieur, chaque détachement se compose de trois groupes.
D’après ce schéma on peut estimer l’effectif des « groupes de combat » de l’UJRE à environ quatre-vingts personnes («Denis», le responsable aux effectifs, évoque 70 à 80 personnes). De même, les groupes de l’UJJ totalisent une centaine de jeunes, environ.
En 1944 ces « groupes » participent aux combats de la Libération, notamment à l’insurrection de Villeurbanne.
L’UJRE mène une Résistance à la fois spécifiquement juive et totalement intégrée à la Résistance générale.
Membre du Front national de lutte pour la libération et l’indépendance de la France (l’une des organisations du CNR), l’UJRE par ses « groupes de combat » contribue activement, avec l’UJJ, à la lutte contre le nazisme et à la libération de la France.
Références
— Collin Claude, 1998, Jeune combat. Les jeunes Juifs de la M.O.I. dans la Résistance. Presses universitaires de Grenoble, « Résistances » (PUG)
— Courtois Stéphane, Peschanski Denis, Rayski Adam, 1989, Le Sang de l’étranger. Les immigrés de la M.O.I. dans la Résistance. Ed. Fayard