En février 1943, l’occupant impose aux jeunes Français le Service du travail obligatoire (STO) en Allemagne. Ils sont censés dynamiser l’agriculture et l’industrie allemandes en pénurie de main-d’œuvre. Beaucoup d’hommes, qui fuient le STO, entrent dans la clandestinité et vont rejoindre les maquis.
Les FTP-M.O.I. poursuivent et multiplient leurs actions armées (lancers de grenades, bombes dans des hôtels fréquentés par des Allemands, incendies de camions militaires…) malgré une surveillance renforcée des autorités d’occupation.
Pour Vichy, la Résistance n’est autre que le complot de «l’anti-France ». Tel est le vocabulaire utilisé par le service de propagande d’Hitler pour effrayer la population française et la détourner de la Résistance. En 1943, les combattants pour la liberté sont assimilés à des « terroristes » par les hitlériens et par le gouvernement collaborationniste français de Pétain.
L’objectif, selon les nazis et leurs collaborateurs, est d’assimiler les groupes de résistants à des bandes criminelles, organisées pour soumettre la France à la « terreur judéo-communiste cosmopolite ».
SERVICE DU TRAVAIL OBLIGATOIRE (STO)
Service du Travail Obligatoire (STO)
Le Service du Travail Obligatoire (STO) est la réquisition de plusieurs centaines de milliers de travailleurs français contraints de travailler en Allemagne. Instauré par la loi du 16 février 1943, le STO vise un objectif clair : soutenir l’économie allemande en difficulté grâce à une main d’œuvre jeune et qualifiée.
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Le Service du Travail Obligatoire (STO) a pour objectif, au cours de l’occupation de la France par les Allemands, la réquisition de plusieurs centaines de milliers de travailleurs français, rapidement transférés en Allemagne. Selon les nazis et leurs collaborateurs vichystes, les jeunes Français doivent fournir de la main-d’œuvre de qualité et participer à l’effort de guerre de l’Allemagne dont les troupes subissent des revers sur le front de l’Est.
Après le peu de succès, en 1942, de la Relève (150 000 ouvriers spécialisés envoyés en Allemagne en échange du retour de 50000 prisonniers de guerre), l’Occupant se montre de plus en plus exigeant. Le 16 février 1943, Pierre Laval, chef du gouvernement de Vichy, instaure alors le Service Obligatoire du Travail (SOT). À l’abréviation SOT, qui engendre des quolibets, est substituée celle de STO (Service du Travail Obligatoire). Le régime de Vichy, une fois de plus, devance les exigences de l’Occupant. Contrairement aux autres Européens sous domination nazie, les travailleurs français sont requis par une loi de leur État et non par une ordonnance allemande.
Pris de panique par ce qu’ils qualifient de « déportation », les jeunes s’adressent aux résistants qui leur fournissent faux papiers, filières et planques.
Les demandes du nazi, Fritz Sauckel, en charge du STO, s’amplifient. Surnommé le « négrier de l’Europe » pour avoir planifié des transferts, vers l’Allemagne, de travailleurs issus de tous les pays occupés par Hitler, il se heurte à sa hiérarchie qui ne le suit plus. Les dirigeants nazis en France craignent l’assèchement de l’économie française, dont ils profitent, et redoutent le mécontentement de la population.
À partir de l’été 1943, parmi les 200 000 jeunes Français réfractaires au STO, environ 50 000 d’entre eux choisissent le combat clandestin et rejoignent de nouvelles structures, les maquis.
La Résistance va rencontrer aux yeux d’une grande partie de la population une audience et une légitimité indiscutables.
Cristina Boïco, responsable du service de Renseignement FTP-M.O.I. en zone nord conçoit un attentat contre le SS Julius Ritter, délégué de Fritz Sauckel et responsable du STO en France. Ritter est abattu le 23 septembre 1943 par une équipe dirigée par Missak Manouchian et composée de Léo Kneler, Marcel Rayman et Celestino Alfonso.
Le 25 février 1944, les locaux parisiens du Commissariat général au Service du travail obligatoire à Paris sont incendiés et 200000 fiches de travailleurs disparaissent en fumée.
On estime à 1 500 000 le nombre de Français réquisitionnés du STO, prisonniers de guerre et volontaires à avoir fourni de la main d’œuvre à l’Allemagne. La France, en raison du zèle du régime de Vichy, est le troisième fournisseur de main-d’œuvre forcée en Allemagne nazie, devancée seulement par l’URSS et la Pologne.
Le 16 octobre 2008 en France, les anciens travailleurs requis du STO sont déclarés officiellement « victimes du travail forcé en Allemagne nazie ».
Références
— Arnaud Patrice, 2010, Les STO. Histoire des Français requis en Allemagne nazie, Paris, CNRS Éditions. Réédition, collection, 2014, Paris, Biblis
— Spina Raphaël, 2017, Histoire du STO. Ed. Perrin
CLANDESTINITÉ
Il existe divers niveaux de clandestinité : ainsi, les membres des groupes de combat de l’UJRE, bien que munis de faux papiers, continuent à travailler et à vivre parfois avec les leurs alors que les FTP-M.O.I. sont soumis à une stricte clandestinité, ne doivent exercer aucune activité professionnelle, n’ont aucun contact avec leurs familles et sont rémunérés par leur organisation pour survivre.
Face à la répression, et malgré la vigilance des militants, les policiers des Brigades spéciales déployés en nombre, réussissent à infiltrer certains réseaux. Arrêtés, torturés, des résistants mourront sans révéler leur véritable identité.
Référence
Endewelt Robert, 2009, Les Juifs ont résisté en France (L’engagement dans la Résistance des jeunes juifs parisiens avec la M.O.I. 1940-1945). Ed. AACCE
MAQUIS
Les maquis sont nés dans l’hiver 1942-1943, créés par des réfractaires ayant décidé de fuir le départ en Allemagne au titre de la Relève, puis, en février 1943, pour échapper au Service du travail obligatoire (STO).
Les hommes arrivent tout au long de l’été 1943. Un peu partout, des anciens des Brigades internationales, combattants de la M.O.I. (Main-d’œuvre immigrée) et allemands antifascistes forment des maquis ou se mêlent à ceux existants.
Ces volontaires, engagés dans l’action clandestine à partir du printemps 1943, constituent un phénomène imprévu qui place les dirigeants de la Résistance devant le fait accompli. Il devient nécessaire de les rassembler, de les organiser, de les encadrer, de les nourrir et de les armer. Dans les massifs montagneux de zone sud, certains maquis s’engagent dans l’action immédiate (sabotages, attaques contre les collaborateurs et les services de Vichy, recueil et transmissions d’informations). Les maquisards sont quelques centaines au début de l’année 1943 et près de 100 000 en juin 1944. À partir de mai 1944, des maquis des Milices Patriotiques sont mis en place par les FTP-M.O.I., notamment le maquis de Montceau les mines en Saône et Loire.
Les maquisards vont être intégrés aux F.F.I. (Forces Françaises de l’Intérieur) et placés sous les ordres du général Kœnig, qui reçoit lui-même ses instructions de Londres. La répression menée par Vichy puis par les Allemands contre les maquisards et les populations considérées comme complices, est terrible.
En juin 1944, les maquisards participent aux combats de la Libération et contribuent à retarder les troupes allemandes au moment du débarquement.
Références
— Marcot François, 2006, “Les maquis”, Dictionnaire historique de la Résistance, Bouquins, Robert Laffont.
— Canaud Jacques, 2011 Le Temps des maquis, Éditions de Borée.
— Simonnet Stéphane, 2015, Maquis et maquisards. La Résistance en armes 1942-1944,
Belin.
RÉGIME DE VICHY, GOUVERNEMENT DE VICHY
Référence
Paxton Robert O., La France de Vichy 1940-1944,1973, nouvelle édition 1999, Éditions du Seuil.