Le Gouvernement provisoire de la République française (GPRF) est fondé le 3 juin 1944 et Charles de Gaulle en prend la direction. La Résistance extérieure et la Résistance intérieure sont unies.
Le Débarquement allié a lieu le 6 juin 1944. De nombreux soldats représentant diverses nationalités, (américaine, canadienne, australienne, norvégienne…) se dirigent vers les plages normandes pour affronter l’armée hitlérienne et libérer progressivement le territoire. Les Forces françaises libres (les FFL), reliées à la France Libre depuis 1940, s’unissent aux forces alliées.
Grâce à l’action de l’ensemble des maquis, les renforts de troupes allemandes vers la Normandie sont contenus.
Le 15 août 1944 a lieu le débarquement en Provence. Les troupes coloniales (notamment les tirailleurs africains) y jouent un rôle majeur.
Les nazis, sentant leur fin proche, s’acharnent à semer la terreur. En Haute-Vienne, par exemple, 4 jours après le débarquement allié en Normandie, ils massacrent 642 habitants du village d’Oradour-sur-Glane, hommes, femmes et enfants, en représailles contre les activités de Résistance dans la région.
À Lyon, Klaus Barbie, chef de la Gestapo, tortionnaire responsable de l’exécution de nombreux otages résistants, ne cesse d’envoyer des milliers de Juifs, adultes et enfants, vers une mort programmée.
Les convois de déportés continuent de partir de France vers les camps d’extermination. Il y aura environ 79 convois (certains convois n’ont pas été numérotés) de 1942 à 1944. Les conditions des déportés, dans ces trains, sont effroyables. En juillet 1944, un convoi part de Toulouse surnommé plus tard le « train fantôme ». Ce train transporte, pendant près de deux mois, un millier de déportés en direction du camp de Dachau, en Allemagne. Quand les rares survivants du « train fantôme » arrivent à Dachau, le 28 août, c’est le jour même de la libération de Bordeaux…
Le 17 août 1944, alors que la libération de Paris est imminente, Aloïs Brunner, chef nazi du camp d’internement de Drancy, quitte la France… avec un ultime convoi.
En démultipliant les actions et en les intensifiant, la Résistance continue en 1944 de déstabiliser les occupants par la lutte armée et civile. L’information est diffusée, une fois de plus, par tracts, activité dangereuse, et le sauvetage des enfants juifs, qu’il faut continuer à cacher, reste une priorité.
GOUVERNEMENT PROVISOIRE DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE (GPRF)
Pour rétablir l’autorité républicaine, le GPRF envoie dans chaque grande région libérée un commissaire de la République qui se heurte parfois aux comités locaux de la Résistance. Les organisations résistantes disposent d’éléments armés pouvant être acquis aux communistes Pour parer ce « danger », le GPRF s’efforce d’incorporer ces éléments à l’armée régulière.
Le droit de vote accordé aux femmes est confirmé par l’ordonnance du 5 octobre 1944, sur proposition communiste. Le GPRF met également en place la sécurité sociale et les allocations familiales selon le programme du CNR.
Le GPRF poursuit la guerre et organise l’épuration pour éviter les dérives populaires (exécutions sommaires et tontes publiques des femmes soupçonnées de liaisons avec l’ennemi) L’épuration « légale, » exercée par des magistrats souvent pétainistes, se montre indulgente envers d’anciens collaborateurs des nazis tels, entre autres, René Bousquet, chef de la police de Vichy, organisateur des plus grandes rafles de Juifs-dont celle du Vel’d’Hiv-. Xavier Vallat, commissaire général aux questions juives, co-responsable de l’éviction des Juifs de la vie publique, de leur recensement et de la liquidation de leurs biens, condamné par la Haute Cour de justice, bénéficie d’une libération anticipée. Maurice Lagrange, l’un des rédacteurs des lois antisémites, demeure membre du Conseil d’Etat.
Le 21 octobre 1945, un référendum consacre la fin de la Troisième République.
Référence
Cartier Emmanuel, 2005, La transition constitutionnelle en France (1940-1945) : la reconstruction révolutionnaire d’un ordre juridique « républicain », Paris, coll. « Bibliothèque constitutionnelle et de science politique » (no 126).
FRANCE LIBRE-RÉSISTANCE EXTÉRIEURE
De Gaulle reçoit le soutien du Premier ministre britannique, Winston Churchill, engagé dans la guerre contre l’Allemagne. Dès juillet 1940, le général fonde la France libre basée à Londres et appuyée sur les unités armées opposées à l’armistice, les Forces françaises libres (FFL).
De Gaulle s’assure de ralliements dans l’empire colonial français. En septembre 1941, il crée le Comité national français (CNF) qui encadre politiquement les forces militaires.
En vertu de l’accord signé en août 1940 avec Churchill, Charles de Gaulle est considéré comme le représentant légitime de la France et traite avec les alliés (Royaume-Uni et Etats-Unis principalement). Il crée à Londres un gouvernement officiel de la France libre-renommée France combattante-reconnu par tous les mouvements de la Résistance intérieure, le 13 juillet 1942.
L’appellation France libre va cependant prévaloir dans les esprits et même dans les textes.
Les soldats de la France libre combattent les nazis, notamment aux côtés des Britanniques, en Angleterre. Mais les alliés se méfient de de Gaulle jugé trop ambitieux. Le général finit, cependant, par s’imposer.
La Résistance communiste se rapproche de de Gaulle qui fonde le Comité français de la Libération nationale (CFLN) en juin 1943. La capitale de la France libre, d’abord établie à Brazzaville, migre à Alger, alors sous administration française.
Mais de Gaulle poursuit un objectif de rassemblement des forces combattantes. Jean Moulin, délégué en France du général, s’emploie à l’unification de la Résistance intérieure. Le Conseil national de la Résistance (CNR), créé, non sans mal, le 27 mai 1943, réunit les composantes démocratiques du pays, des communistes à la droite républicaine.
Le 1er août 1943, les Forces françaises libres (FFL) deviennent l’Armée française de libération. Présente dans le monde, elle combat, par exemple, en URSS, face aux troupes allemandes.
Selon le dessein du chef de la France libre, groupements militaires gaullistes de l’intérieur (l’Armée secrète) et Résistance communiste (FTP et FTP-M.O.I.) sont intégrés aux Forces françaises de l’intérieur (FFI) le 1er juin 1944.
Charles de Gaulle, l’homme de la Résistance extérieure, reconnu comme chef incontesté de la Résistance unifiée, devient, le président du Gouvernement provisoire de la République française (GPRF).
Références
— Muracciole Jean-François, 1996, Histoire de la France libre, PUF, coll. Que sais-je ?.
— Muracciole Jean-François, 2009 Les Français libres : l’autre Résistance, Paris, Taillandier
RÉSISTANCE INTÉRIEURE
De jeunes communistes et, parmi eux, les jeunes Juifs de la M.O.I., s’insurgent contre le gouvernement de Vichy dès l’été 1940.
Fin 1940, des mouvements organisés ou des réseaux anti-collaborationnistes se mettent en place. Ils sont, principalement, animés par des gaullistes et des communistes.
L’action civile des résistants de l’intérieur est variée : fonctionnement d’imprimeries clandestines, diffusion de tracts, organisation de manifestations, fabrication de faux papiers, recherche de planques pour les combattants et les Juifs traqués, sauvetage des enfants …
Des agents de liaison, souvent de jeunes femmes à bicyclette, transportent des messages.
La Résistance intérieure civile publie également une presse clandestine, en français ou en yiddish, traquée par les nazis. Toutes ces actions représentent un réel danger pour les résistants.
Résistantes et résistants organisés, bien que très peu nombreux, s’appuient souvent sur un soutien de la population, implicite ou non.
Parallèlement à une Résistance intérieure civile, une Résistance intérieure armée se développe à partir de 1941.
Les actions sont multiples (attaques de trains de matériel ennemi, incendies d’entrepôts d’armes, grenadages de lieux réquisitionnés par l’armée allemande…).
En mai 1943, Jean Moulin, délégué du général de Gaulle en France, parvient à rassembler les différents mouvements de la Résistance intérieure et syndicats et partis, des communistes à la droite républicaine. Le Conseil National de la Résistance (CNR) est né. La Résistance est unifiée en deux structures. L’une, militaire, est constituée des Forces Françaises de l’Intérieur (FFI). Forces gaullistes, FTPF et FTP-M.O.I. sont intégrés aux FFI.
L’autre structure, civile, rassemble les Comités Départementaux de la Libération (CDL) qui restaurent la légalité républicaine. Leur rôle, dans le pays, est considérable.
En mai 1944, sur proposition du Parti communiste français et à l’initiative du CNR, des Milices patriotiques sont créées dans les villes et les maquis. Les résistants sont prêts pour l’insurrection nationale et la Libération.
Références
— Courtois Stéphane, Peschanski Denis, Rayski Adam, 1994, Le sang de l’Étranger. Les immigrés de la M.O.I. dans la Résistance. Ed. Fayard.
— Gildea Robert, 2017, Comment sont-ils devenus résistants ? Une nouvelle histoire de la Résistance (1940-1945). Ed. Les Arènes.
DÉBARQUEMENT DE NORMANDIE
À la radio anglaise BBC, dès le 1er juin 1944, les réseaux de Résistance sont avertis du débarquement par un message codé emprunté à un vers de Verlaine « Les sanglots longs des violons de l’automne ».
Le 6 juin au soir, le général de Gaulle appelle à « l’action des forces de la Résistance ». Des milliers d’hommes rejoignent les maquis.
Les Francs-tireurs et partisans (FTP), des corps francs et des maquis n’ont pas attendu « le jour J » pour engager la lutte armée. Huit mois auparavant, déjà, la Corse s’est libérée par une insurrection des résistants, le 4 octobre 1943.
Dans tout le pays, les plans élaborés à Londres sont mis en œuvre le soir du 5 juin 1944, quelques heures avant le débarquement. Le « plan vert » prévoit le sabotage des lignes ferroviaires, le « plan Tortue » vise à interrompre ou à gêner la circulation routière et le « plan Violet » concerne les télécoms. L’objectif : couper les communications allemandes et retarder au maximum l’arrivée des renforts. La Résistance joue un rôle important en sabotant les voies ferrées et les lignes téléphoniques ennemies. Le déclenchement des opérations est annoncé sur la BBC par différents messages, tels que : « les carottes sont cuites”, “le chat sort et chasse”, et : « Blessent mon cœur d’une langueur monotone”.
Plus de 1000 coupures ferroviaires sont effectuées pendant l’été 1944, le trafic des trains se voit réduit de moitié. Les maquis locaux fournissent des renseignements précieux sur la localisation des troupes allemandes et leur équipement. En représailles aux opérations de sabotage, les Allemands fusillent 650 résistants et otages normands.
Pour le commandant des forces alliées en Europe, le général Eisenhower, « les FFI ont joué un rôle non négligeable dans la préparation du débarquement allié en Normandie et dans la libération de la France ».
Le débarquement allié de Normandie, amphibie et aéroporté, accélère l’unification des forces armées de Résistance qui libèrent les principales agglomérations, comme Paris le 24 août.
Les FTP-M.O.I. intégrés depuis mai 1943 aux Francs-tireurs et partisans (FTP) sont partie prenante de la libération des villes de France.
Références
— Bougeard Christian, 2006, 6 juin 1944 : le débarquement de Normandie in : F. Marcot (dir.), Dictionnaire historique de la Résistance, Éditions Robert Laffont.
— Wieviorka Olivier, 2007, Histoire du débarquement en Normandie. Des origines à la libération de Paris (1941-1944), Éditions du Seuil
MAQUIS
Les maquis sont nés dans l’hiver 1942-1943, créés par des réfractaires ayant décidé de fuir le départ en Allemagne au titre de la Relève, puis, en février 1943, pour échapper au Service du travail obligatoire (STO).
Les hommes arrivent tout au long de l’été 1943. Un peu partout, des anciens des Brigades internationales, combattants de la M.O.I. (Main-d’œuvre immigrée) et allemands antifascistes forment des maquis ou se mêlent à ceux existants.
Ces volontaires, engagés dans l’action clandestine à partir du printemps 1943, constituent un phénomène imprévu qui place les dirigeants de la Résistance devant le fait accompli. Il devient nécessaire de les rassembler, de les organiser, de les encadrer, de les nourrir et de les armer. Dans les massifs montagneux de zone sud, certains maquis s’engagent dans l’action immédiate (sabotages, attaques contre les collaborateurs et les services de Vichy, recueil et transmissions d’informations). Les maquisards sont quelques centaines au début de l’année 1943 et près de 100 000 en juin 1944. À partir de mai 1944, des maquis des Milices Patriotiques sont mis en place par les FTP-M.O.I., notamment le maquis de Montceau les mines en Saône et Loire.
Les maquisards vont être intégrés aux F.F.I. (Forces Françaises de l’Intérieur) et placés sous les ordres du général Kœnig, qui reçoit lui-même ses instructions de Londres. La répression menée par Vichy puis par les Allemands contre les maquisards et les populations considérées comme complices, est terrible.
En juin 1944, les maquisards participent aux combats de la Libération et contribuent à retarder les troupes allemandes au moment du débarquement.
Références
— Marcot François, 2006, “Les maquis”, Dictionnaire historique de la Résistance, Bouquins, Robert Laffont.
— Canaud Jacques, 2011 Le Temps des maquis, Éditions de Borée.
— Simonnet Stéphane, 2015, Maquis et maquisards. La Résistance en armes 1942-1944,
Belin.
MASSACRE D'ORADOUR-SUR-GLANE
La veille, le général Heinz Lammerding vient de faire pendre 99 otages à Tulle, ville voisine de Corrèze, en représailles aux attaques des maquisards qui tentent de ralentir la progression allemande vers la Normandie.
En liaison avec la Gestapo et la Milice, un programme d’« action brutale » est décidé en juin 1944 par l’état major allemand. Ce programme met en œuvre le principe de la guerre totale appliqué sur le front de l’Est, ce qui signifie pillage, incendie, meurtres de masse. Après trois réunions de préparation, la décision est prise d’éliminer la population d’Oradour. Le commandant SS Adolf Diekmann est chargé de l’opération. 200 soldats sont sous ses ordres.
En début d’après-midi, les Allemands encerclent le village et rassemblent la population sur le champ de foire sous prétexte d’une vérification d’identité. Diekmann accuse les habitants de cacher des armes et exige que les responsables se dénoncent. Il demande au maire de désigner des otages. Refus du maire. Les SS séparent alors la population en deux groupes : d’un côté les femmes et les enfants, de l’autre les hommes.
Les hommes sont enfermés dans des granges, sous la menace d’armes automatiques. Les SS les mitraillent, recouvrent les corps de ballots de paille et y mettent le feu.
Les femmes et les enfants sont enfermés dans l’église. L’édifice est incendié avec des gaz de combat et des explosifs.
Des détachements de soldats SS pillent, incendient le village et tuent les quelques habitants retranchés dans leurs maisons.
Les jours suivants, une section SS procède à l’enterrement des cadavres dans des fosses communes pour dissimuler les traces et rendre les identifications impossibles.
Ce massacre fait 642 victimes dont 245 femmes, 207 enfants et 190 hommes. Parmi ces morts, 117 sont originaires d’autres régions de France et réfugiés à Oradour-sur-Glane.
Ce massacre constitue le plus important crime de guerre commis par les Allemands en France sur la population civile.
Références
— Leroux, Bruno in : F. Marcot (dir.) Dictionnaire historique de la Résistance (2006) : Éditions Robert Laffont.
— Le Maitron en ligne : notice par Dominique Tantin
CONVOIS DE DÉPORTÉS
Les convois n° 41, 43, 54, 56 n’existent pas, et le 64 part avant le 63, en raison d’erreurs administratives. Les deux derniers convois (78 et 79) n’ont pas reçu de numérotation.
Les convois no 50 à 51 sont dirigés vers les camps de mise à mort de Sobibor et Majdanek, les convois no 52 à 53 vers Sobibor, le convoi n° 73 vers Kaunas (Lituanie) et Reval, actuelle Talinn (Estonie), le convoi n° 79 vers Buchenwald.
Les conditions des déportés, dans ces trains, sont effroyables. Enfants, vieillards, femmes, hommes sont entassés, sans eau ni nourriture, dans des wagons à bestiaux. Nombre de déportés meurent pendant le transport.
La quasi-totalité des Juifs de France déportés transitent par Drancy sur ordre des nazis et de leurs collaborateurs français. Au total, environ 63 000 Juifs, répartis dans une soixantaine de convois, quittent la gare du Bourget-Drancy puis la gare de Bobigny, principalement à destination d’Auschwitz-Birkenau.
Les déportés du Nord et du Pas-de-Calais, environ 1 000 personnes dont 202 enfants, sont envoyés dans les camps via la Belgique.
Alors que les nazis savent que leur défaite est imminente, ils ne relâchent pas leur pression.
Le dernier convoi part de Drancy le 17 août 1944. Les déportés sont emmenés à pied à la gare de Bobigny par le nazi Aloïs Brunner, dernier chef du camp, qui fuit la France… avec le convoi.
Le camp de transit de Drancy, libéré le 20 août 1944 par la Résistance, reste le lieu emblématique de la persécution antisémite en France.
Près de 3 millions des 6 millions de victimes de la Shoah ont été assassinées dans les massacres de masse en Europe de l’Est ou sont mortes dans les ghettos créés par les nazis.
Les convois à destination des camps témoignent de l’accélération de l’extermination par l’industrialisation du processus destructeur.
Un wagon à bestiaux, conservé en l’état, exposé à la cité de la Muette à Drancy (lieu du camp) symbolise tous les convois de déportés.
Références
— Site de Yad Vashem (www.yadvashem.org)
— Klarsfeld Serge, Mémorial de la déportation des Juifs de France, Association des Fils et Filles des Déportés Juifs de France (FFDJF)
— Pinol Jean-Luc, 2019, Convois : La déportation des Juifs de France, Paris, Éditions du Détour.
TRAIN FANTÔME
Entre les bombardements alliés et les sabotages de la Résistance, les obstacles sont nombreux. Le convoi se dirige vers Bordeaux puis vers Angoulême et revient à Bordeaux. 150 prisonniers du Fort du Hâ y rejoignent le train qui repasse par Toulouse pour remonter vers l’Allemagne par la vallée du Rhône. Les détenus doivent faire à pied un transbordement de la gare de Roquemaure à celle de Sorgues, soit 17 kilomètres sous une chaleur accablante.
Des civils leur apportent eau et nourriture ; des cheminots et des maquisards aident certains à s’enfuir.
Arrivé à Pierrelatte, le train est mitraillé par les alliés qui ignorent la présence de déportés. Les morts et les blessés sont débarqués à la gare de Montélimar où l’on peut voir aujourd’hui un petit monument élevé à leur mémoire.
Le voyage se poursuit, dans des conditions toujours effroyables, pour rejoindre le camp de Dachau après près de deux mois d’errance, le 28 août 1944.
Dans ce « train fantôme» qui ne cesse d’apparaître et de disparaître, sur les 703 prisonniers, 536 sont encore à bord. Nombre d’entre eux mourront à Dachau, emportés par le typhus.
Référence
Scarpetta Guy, auteur, Amat Jorge, réalisateur, 2016, Les résistants du train fantôme. Documentaire vidéo.
CAMP DE DACHAU
En 1940, le nombre de détenus atteint 10 000 et va croître régulièrement. Au départ, sont internés des opposants au nazisme, principalement communistes ; ils sont suivis par des Juifs bavarois, des Tsiganes, des religieux anti-hitlériens, des homosexuels et des prisonniers de guerre soviétiques. La chambre à gaz non utilisée est remplacée par un champ de tir : les condamnés à mort sont tués par balles dans la nuque.
Le portail d’entrée du camp porte l’inscription Arbeit Macht Frei (le travail rend libre)…
Les travailleurs « libres », une main d’œuvre forcée, asservie et maltraitée, fait fonctionner les entreprises allemandes. Les conditions de vie sont atroces (expérimentations scientifiques sur les détenus, sévices, absence d’hygiène, sous-alimentation, maladies, épidémies) et provoquent une très importante mortalité.
Un « Comité international » clandestin est composé de détenus représentant les différentes nationalités internées au camp. En avril 1945, un détenu communiste allemand du Comité réussit à faire évader quelques hommes encore valides. Informés par eux de l’emplacement du camp, les soldats américains découvrent, à Dachau, 1600 détenus réduits à l’état de squelettes.
Références
— Zámečník Stanislav (trad. du tchèque par Sylvie Graffard), 2013, C’était ça, Dachau : 1933-1945. Ed. Cherche midi, coll. « Documents.
— Rayski Adam, supplément à La Lettre des Résistants et Déportés Juifs n° 46
CAMP DE DRANCY
La situation sanitaire devient vite incontrôlable et les Allemands libèrent en novembre 1941 plus de 1 000 internés malades, adultes et enfants. Ils sont tous transférés à l’hôpital Rothschild. Une filière d’évasion, organisée par le personnel médical et avec l’aide d’un prêtre, permettra de sauver un certain nombre de ces enfants.
De décembre 1941 jusqu’en mars 1942, des otages juifs, principalement des résistants communistes d’origine immigrée, sont extraits du camp pour être fusillés au Mont-Valérien ou déportés.
Après la rafle du Vel’d’Hiv, le 16 juillet 1942, les couples sans enfants et les célibataires sont conduits directement à Drancy. Les familles, y compris les vieillards et les enfants, vont suivre.
La cité de la Muette devient la plaque tournante de la déportation des Juifs de France vers les camps de la mort.
En avril 1944, les 44 enfants juifs d’Izieu (Ain) regroupés dans une maison d’accueil, sont expédiés à Drancy par le nazi Klaus Barbie avant d’être assassinés à Auschwitz.
Au début de l’été suivant, devant la progression des forces alliées, les nazis accélèrent la déportation de milliers de Juifs acheminés vers le camp depuis la zone sud.
Le dernier convoi part de Drancy le 17 août 1944. Les déportés sont emmenés à pied à la gare de Bobigny par le nazi Aloïs Brunner, dernier chef du camp.
La quasi-totalité des Juifs de France déportés ont transité par Drancy sur ordre des nazis et de leurs collaborateurs français. Au total, environ 63 000 Juifs, répartis dans une soixantaine de convois, ont quitté la gare du Bourget-Drancy puis la gare de Bobigny, principalement à destination d’Auschwitz-Birkenau.
Le camp de Drancy, libéré le 20 août 1944 par la Résistance, reste le lieu emblématique de la persécution antisémite en France.
Références
— Rajsfus Maurice, 2012, Drancy, un camp de concentration très ordinaire 1941-1944. Ed. du Cherche-Midi
— Portes Jean-Christophe et Bénichou Rémi, 2015, Les Enfants juifs sauvés de l’hôpital Rothschild, Documentaire TV. Diffusion sur France 5.
TRACTS -"PAPILLONS"
Les jeunes Juifs communistes sont nombreux à lancer des tracts à la sortie des cinémas, à l’intérieur des salles depuis les balcons, sur des marchés, aux entrées et sorties d’usines, depuis le métro aérien à Paris, dans les tramways de Lyon ou Villeurbanne et dans d’autres régions.
Lors d’une action à Lyon, des tracts en allemand sont projetés par-dessus les murs de la caserne de la Part-Dieu pour démoraliser l’ennemi.
Les passants qui ramassent les tracts, dans la rue ou ailleurs, les cachent rapidement.
Il est extrêmement dangereux de les transporter et nombre de diffuseurs sont arrêtés et déportés pour faits de propagande anti-hitlérienne.
Référence
Cukier Simon, Decèze Dominique, Diamant David, Grojnowski Michel, 1987, Juifs révolutionnaires, Messidor/Éditions sociales