Le 19 août 1944, l’UJRE appelle au combat pour la libération du territoire. L’UJJ est particulièrement active.
Dans les dernières batailles, la participation des combattants de la section juive de la M.O.I. aux soulèvements est notable.
C’est la déroute pour les troupes hitlériennes. À Lyon, 1000 Juifs, femmes et hommes participent à l’insurrection populaire de Villeurbanne. Ailleurs, des combats ont lieu à Marseille, à Toulouse, à Grenoble mais aussi à Nice, à Limoges, à Agen, à Pau, à Tarbes, à Roanne, à Clermont-Ferrand, à Blois… Des actions, menées dès décembre 1943 contre l’UGIF vont permettre de récupérer dans ses locaux, à Paris, Marseille et Lyon, les listes de recensement des Juifs établies à la demande de Vichy et de l’occupant pour faciliter les déportations.
À Paris, le colonel Henri Rol-Tanguy, résistant communiste, prépare et dirige l’insurrection entouré de son état-major. Pendant la « semaine glorieuse », du 19 au 24 août 1944, les résistants FTP-M.O.I. se battent sur les barricades, attaquent les détachements allemands et participent à la conquête et à la défense des positions stratégiques de la capitale. Le 23 août, l’UJRE lance un nouvel appel aux « Juifs parisiens » pour continuer la lutte.
L’engagement des résistants est déterminant dans la libération de Paris.
Le 25 août 1944, les républicains espagnols de la 9e compagnie sont en tête de la 2ème division blindée (2e DB), commandée par le général Leclerc, qui entre triomphalement dans la ville.
Le 28 octobre 1944, le, Gouvernement provisoire de la République française (GPRF), décide, avec l’accord du Parti communiste, de dissoudre les Milices patriotiques. Le GPRF met en place un ordre légal qui minore le rôle de la Résistance intérieure : l’armée régulière remplace l’armée insurrectionnelle.
Malgré la libération de Paris, la guerre se poursuit. Les résistants de la M.O.I., toutes nationalités confondues, décident de former un bataillon FFI intégré à l’armée régulière française.
Le 20 septembre 1944, Boris Holban prend le commandement du bataillon 51/22, composé de participants aux combats de la Libération, notamment de résistants FTP-M.O.I. Au sein de ce bataillon, l’UJJ, organisation désormais légale, invite les jeunes Juifs à former une compagnie, la compagnie Rayman. 160 jeunes répondent à l’appel et le nombre aurait pu être doublé si les jeunes filles avaient été autorisées à intégrer cette unité de combat.
La compagnie Rayman est censée se lancer à la poursuite des troupes occupantes en déroute mais elle est arrêtée dans son élan. Les autorités militaires se méfient des recrues issues de la Résistance et des regroupements par nationalités. Après avoir erré de caserne en caserne, le bataillon est finalement dissous et les combattants dispersés dans d’autres unités de l’armée régulière. Pour la plupart, ils seront maintenus dans les casernes et empêchés de combattre.
UNION DES JUIFS POUR LA RÉSISTANCE ET L'ENTRAIDE (UJRE)
La création de l’UJRE participe de la même démarche d’élargissement. Après l’entrée des Allemands en zone sud et les déportations massives, la communauté de destin des Juifs, immigrés ou français, est désormais évidente. C’est dans ce contexte qu’au printemps 1943, se réunit clandestinement la conférence de 7 responsables des centres de Résistance des zones Nord et Sud liés à la section juive de la M.O.I. : Idel Korman, Edouard Kowalski, Adam Rayski, Sophie Schwartz, Thérèse Tennenbaum, de la direction parisienne, Charles Lederman et Jacques Ravine de la direction de la zone sud. Ils décident la création d’un organisme central clandestin de coordination, l’Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide, l’ UJRE, qui fédère en son sein d’autres organisations clandestines : « Solidarité » des deux zones, l’Union de la jeunesse juive, l’UJJ, l’Union des femmes juives, l’UFJ, les comités juifs du secours populaire, la commission intersyndicale juive, les groupes armés juifs des FTP-M.O.I.
Notre Parole et Droit et Liberté deviennent les organes de l’UJRE en français. Unzer Wort paraît en yiddish. L’UJRE se veut ouverte à tous les Juifs. Elle impulse aussi l’unification partielle de la Résistance juive au sein d’un Comité Général de Défense, donnant naissance en 1944 au CRIF, Conseil représentatif des Israélites de France.
Des groupes de combat existent déjà sous l’égide de « Solidarité ». Ils prennent le nom de « groupes de combat de l’UJRE » et connaissent une grande extension. À la différence des FTP-M.O.I., leurs membres gardent une activité civile. Ils agissent soit en appui des FTP-M.O.I., soit de façon autonome. Ces groupes jouent un rôle éminent dans les combats de la Libération.
Grâce à son action multiforme, l’influence de l’UJRE dans la population juive immigrée progressiste est considérable au moment de la Libération.
Références :
— Ravine Jacques, 1973, La Résistance organisée des Juifs en France, Julliard.
— Diamant David, 1971, Les Juifs dans la Résistance française, Le Pavillon.
— Cukier Simon, Decèze Dominique, Diamant David, Grojnowki Michel, 1987, Juifs révolutionnaires, Messidor/Éditions sociales.
UNION DE LA JEUNESSE JUIVE (UJJ)
Au début de l’année 1943, la section juive décide de rassembler ses forces et crée l’Union des Juifs pour la Résistance et l’entraide (UJRE), à destination des adultes, et l’Union de la jeunesse juive (UJJ), à destination de la jeunesse. En 1943, la direction nationale de la section juive de la M.O.I., victime de nombreuses arrestations, se replie à Lyon où elle s’installe définitivement. L’UJJ va se développer surtout en zone sud.
Elle se veut distincte de la Jeunesse communiste juive mais lui reste très liée et constitue, surtout, un regroupement des sympathisants, quelles que soient leurs options politiques.
La JC/UJJ comprend 65 % de garçons, 35 % de filles et surprend par le nombre important de très jeunes militants. Ils sont presque tous issus de l’immigration juive ashkénaze d’Europe centrale et orientale, principalement d’origine polonaise. Ils appartiennent à des familles d’artisans ou d’ouvriers travaillant dans de petits ateliers de confection. A 80 %, ils habitaient Paris ou la région parisienne avant-guerre.
Beaucoup se connaissaient avant leur arrivée à Lyon, Grenoble ou Toulouse. Ces jeunes sont largement intégrés à la société française, mais ils entretiennent encore des liens avec leur culture d’origine.
En janvier 1944, la JC juive en zone sud compte 165 jeunes. À la même date, l’UJJ en recense 194. Quatre mois plus tard, leurs effectifs ont quasiment doublé. Les jeunes de la section juive de la M.O.I. composent, dès l’origine, un vivier dans lequel puisent les FTP-M.O.I. Par ailleurs, l’UJJ, comme l’UJRE, commence à organiser, dès la fin 1943, des “groupes de combat” Ceux-ci s’emparent, revolver au poing, des tickets d’alimentation dans les mairies, sabotent des panneaux indicateurs, s’attaquent aux vitrines de collaborateurs notoires… Il leur arrive même de désarmer des policiers ou de récupérer des armes sur des soldats allemands.
Les actions sont, au fil des mois, de plus en plus coordonnées avec celles des groupes de combat “adultes” de l’UJRE et même, dans les semaines qui précédent la Libération, avec celles des FTP-M.O.I. Des jeunes de l’UJJ, constitués en trois unités, vont participer activement à l’insurrection de Villeurbanne du 24 au 26 août 1944, aux côtés des combattants du groupe FTP-M.O.I. « Carmagnole. ».
Note personnelle de Claude Collin
SECTION JUIVE DE LA M.O.I.
La section juive yiddishophone, très active, est à la tête de nombreuses institutions sociales et culturelles.
Certains permanents sont membres du Parti communiste. Ils ont, à leurs côtés, quelques centaines d’adhérents qui conservent une activité professionnelle et militent dans le milieu des Juifs immigrés, regroupés, principalement, dans les quartiers populaires du centre et de l’est de Paris.
L’instrument principal de leur influence est, depuis 1934, le journal yiddish quotidien, La Naïe Presse (La Presse Nouvelle). Ces militants agissent au sein de ce qu’on nomme des organisations « de masse », réseaux d’associations diverses qui servent de courroies de transmission pour les mots d’ordre du Parti. Ce sont des viviers d’initiation politique et de recrutement.
Ainsi, la Kultur Ligue, cœur de la vie sociale des jeunes Juifs immigrés, s’installe 10 rue de Lancry et devient en même temps qu’un organisme culturel, une sorte de Bourse du travail et de logement, un bureau de renseignement pour l’obtention de papiers d’identité et de travail. Sous son égide, se créent une bibliothèque, un théâtre yiddish, une chorale, une section de jeunes, un club sportif, un dispensaire, un patronage, des colonies de vacances, une organisation de femmes, des sociétés de villes selon les origines des immigrés… Il s’agit de l’esquisse d’une contre-société couvrant toutes sortes de besoins.
Ces Juifs internationalistes participent aux luttes du mouvement ouvrier français auquel ils sont liés organiquement.
Ils sont partie prenante des combats antifascistes et très présents lors des grandes grèves de 1936 pour soutenir le Front populaire. Ils appuient la république espagnole et beaucoup s’engagent dans les Brigades internationales.
Ils soutiennent la culture yiddish et dénoncent les mesures contre les immigrés, l’antisémitisme en France et les persécutions anti-juives dans l’Allemagne hitlérienne.
Référence
Cukier Simon, Decèze Dominique, Diamant David, Grojnowski Michel, 1987, Juifs révolutionnaires, Paris, Messidor/Éditions Sociales
INSURRECTION DE VILLEURBANNE
Rejoints par plusieurs centaines d’habitants enthousiastes, « Lamiral » et ses hommes sont poussés à occuper divers bâtiments, dont la mairie, le central téléphonique, le commissariat… Des policiers sont désarmés, des armes récupérées, « Lamiral » part prendre conseil auprès du responsable de l’interrégion HI4 des FTP-M.O.I., le Hungaro-roumain Georges Grünfeld, « commandant Lefort ».
Ce dernier, estimant qu’il n’est plus possible de reculer et qu’un retrait serait ressenti par la population comme une faiblesse, voire une trahison, décide d’installer son poste de commandement à la mairie de Villeurbanne – qui devient dès lors le centre de l’insurrection naissante – et il constitue avec « Lamiral » une équipe de commandement.
Pendant trois jours, Villeurbanne ainsi que certains quartiers du nord-est de Lyon, se couvrent de barricades et échappent totalement à l’occupant. Différentes tentatives des troupes allemandes de reprendre l’initiative et de regagner le contrôle de cette partie de la ville, par laquelle passent certains axes qu’empruntent les troupes refluant par la vallée du Rhône, échouent.
À ces événements participent des combattants issus de toutes les organisations de la Résistance. Certes, ce sont les FTP-M.O.I. de « Carmagnole » qui se trouvent à la tête de cette insurrection mais ils agrègent autour d’eux de nombreux résistants auxquels s’ajoutent, comme dans toute situation de type insurrectionnel, un nombre important de volontaires de la dernière heure, sans doute sincèrement prêts à se battre mais ne possédant aucune formation militaire.
Le 26 août 1944, une tentative d’extension de l’insurrection à d’autres quartiers de Lyon échoue et les différents appels à l’aide du « conseil militaire » siégeant à la mairie de Villeurbanne n’ayant eu aucun effet, les insurgés négocient leur retrait. Contre la promesse allemande de ne pas mener de représailles à l’encontre de la population villeurbannaise – promesse qui sera tenue –, ils libèrent les Allemands qu’ils ont faits prisonniers et demandent à la population de démonter les barricades ; les groupes de combat de l’UJRE et de l’UJJ retournent à la clandestinité.
Villeurbanne est, avec Paris, à une échelle infiniment plus petite, la seule ville du pays à connaître une véritable insurrection populaire.
Menée par des étrangers « aux noms difficiles à prononcer », elle ne fut certes pas victorieuse mais constitue néanmoins un des seuls sursauts que Lyon « capitale de la Résistance » a connu au moment de sa libération […] ».
Référence
Claude Collin, 2006, in Dictionnaire historique de la Résistance, Ed. Robert Laffont.
INSURRECTIONS EN RÉGIONS
Les FFI sont composées, principalement, des groupes résistants gaullistes et des FTP et FTP-M.O.I. proches des communistes.
À partir du débarquement de Provence le 15 août 1944, des combats sont déclenchés par la Résistance dans le sud de la France. Les résistants maquisards guident les unités alliées pour la traversée des Alpes. Ils libèrent ainsi Grenoble le 22 août et Valence le 23.
Dans le Sud-Ouest et le Massif Central, la retraite allemande à partir du 17 août permet aux FFI de libérer les villes sans l’intervention des alliés : Toulouse est libérée le 19 août, Montpellier le 22 et Clermont-Ferrand le 25 (tandis qu’à Paris, une insurrection populaire victorieuse est animée par la Résistance du 19 au 25 août 1944).
Fin août, une insurrection populaire de grande ampleur, conduite par la Résistance, à Villeurbanne, les 24,25 et 26 août 1944, précède la libération de la ville.
À Marseille, le 18 août, la grève insurrectionnelle décidée par la CGT clandestine est ratifiée par le CDL (Comité Départemental de Libération). Le 19 août, la grève est totale et les FFI mènent toute une série d’actions d’insurrection les 20 et 21 août. Le 21 la préfecture est prise et le CDL s’y installe dès le lendemain. Le général allemand Schaefer se rend le 28 août, et le 29 les troupes alliées et les FFI défilent sur le Vieux-Port.
Le 15 septembre 1944, la presque totalité du territoire est libérée. Mais la bataille continue en particulier dans l’est de la France. Après l’échec d’une première attaque menée fin septembre 1944, une offensive générale sur les Vosges est déclenchée le 14 novembre 1944. Strasbourg est libérée le 23 novembre, mais les Allemands lancent une contre-offensive dans les Ardennes et ce sont les troupes françaises qui défendent Strasbourg, entre le 31 décembre 1944 et le 27 janvier 1945. La poche de Colmar ne sera réduite que le 9 février 1945.
La libération des derniers territoires encore occupés s’échelonnera jusqu’au mois de mai 1945.
Références
— Simonnet Stéphane, Claire Levasseur, Guillaume Balavoine (préface Olivier Wieviorka), 2004, Atlas de la libération de la France : 6 juin 1944-8 mai 1945 : des débarquements aux villes libérées, Paris, éd. Autrement, coll. « Atlas-Mémoire.
— Marcot François (sous la direction de) avec la collaboration de Bruno Leroux et Christine Levisse-Touzé, 2006, Dictionnaire historique de la Résistance, Ed. Robert Laffont.
UNION GÉNÉRALE DES ISRAÉLITES DE FRANCE (UGIF)
Cette création est condamnée, dès le départ, par la section juive clandestine de la M.O.I. car elle implique des liens dangereux avec le Commissariat général aux questions juives.
Les organisations, encore légales, liées à la section juive refusent d’adhérer à l’UGIF et entrent dans la clandestinité.
La direction de l’Union Générale des Israélites de France est composée de Juifs français, engagés, avant-guerre, dans le domaine caritatif. Dannecker y impose, en outre, deux Juifs viennois, « hommes de liaison et de contrôle personnel ».
L’UGIF a pour mission la représentation des Juifs auprès des pouvoirs publics. Elle exerce, notamment, une fonction d’assistance sociale : elle verse des allocations aux foyers privés de revenus, finance des cantines populaires et des hospices.
Après les rafles de l’été 1942, elle ouvre des centres d’accueil pour enfants juifs à Paris et en banlieue.
On peut reprocher aux dirigeants de l’UGIF d’avoir sous-estimé le rôle de Vichy et d’être restés aveugles face à la réalité de la Shoah.
On peut leur reprocher de n’avoir pas tenté de soustraire les Juifs étrangers au danger immédiat de la déportation et d’avoir entretenu les illusions des Juifs français.
On peut, enfin et surtout, leur reprocher de ne pas avoir évacué les enfants des centres, victimes de rafles massives en juillet 1944.
Cependant, à l’insu de la direction de l’UGIF, des activités de Résistance de certains des membres de l’organisme ont permis le sauvetage d’enfants, mis à l’abri dans des familles non-juives.
Le bilan de l’Union Générale des Israélites de France est très controversé. Si son rôle d’assistance a été effectif et si des opérations clandestines antinazies ont utilisé sa couverture légale, ses institutions ont souvent été de véritables souricières particulièrement vulnérables aux rafles.
La loi créant l’UGIF est abrogée à la Libération.
Références
— Cukier Simon, Decèze Dominique, Diamant David, Grojnowski Michel, 1987, Juifs révolutionnaires, Messidor /Éditions sociales.
— Wieviorka Annette, 1986, Ils étaient juifs, résistants, communistes. Éditions Denoël.
Henri Rol-Tanguy
(1908-2002)
Né à Morlaix le 12 juin 1908, Henri Tanguy devient, à 14 ans, ouvrier métallurgiste dans la région parisienne et adhère aux Jeunesses communistes. Il rejoint les rangs des Brigades internationales antifascistes en 1937, lors de la guerre civile espagnole. Commissaire politique de brigade, il développe, sur le terrain, une maîtrise militaire indiscutable. Lors de la bataille de l’Èbre, il est blessé.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, en 1940, il contribue à la création de l’Organisation spéciale (OS) clandestine du Parti communiste et organise, dans la région parisienne, des sabotages contre les troupes allemandes. Remarqué par le PCF pour ses compétences militaires, il se consacre, désormais, à la lutte armée contre l’Occupant. Henri Tanguy est un des responsables militaires des premiers groupes armés qui deviennent les Francs-tireurs et partisans français (FTPF ou FTP), forces de Résistance opérationnelles dès 1942. Il dirige, en outre, avec sa femme, Cécile, la publication clandestine Le Franc-tireur parisien.
En 1944, les Forces Françaises de l’Intérieur (FFI), qui regroupent les principaux mouvements de Résistance, sont constituées. Henri Tanguy y représente les FTP.
Il est responsable de la capitale et de la région parisienne et adopte alors le pseudonyme de Rol, emprunté à l’un de ses compagnons des brigades internationales tué lors de la guerre civile en Espagne.
Henri Rol-Tanguy est officiellement élu chef régional FFI le 5 juin 1944 avec le grade de Colonel. Il est secondé par un état-major très efficace.
Rol-Tanguy met en œuvre la tactique des FTP et FTP-M.O.I. (notamment la guérilla urbaine) et l’applique avec une extrême rigueur.
Le 18 août, Rol lance l’ordre de mobilisation générale en accord avec le Comité parisien de Libération (CPL). Le 19, il dirige l’insurrection parisienne. La Deuxième division blindée (2ème DB) commandée par le général Leclerc entre dans Paris, la « Nueve » en tête (les républicains espagnols de la 9ème compagnie, rattachée à la 2ème DB).
Le 25 août, à la gare Montparnasse, il signe aux côtés du général Leclerc, l’acte de reddition du général von Choltitz.
Il participe en 1945, à la campagne d’Allemagne qui marque la fin du conflit mondial.
Le 18 juin 1945, il est fait Compagnon de la Libération par le général de Gaulle.
Bien que reconnu comme un excellent officier, Rol-Tanguy est victime de la guerre froide, parce que communiste.
Sans emploi, il est mis à la retraite d’office en 1962.
Le Musée de la Libération de Paris, ouvert en 2019, place Denfert-Rochereau dans le 14ème arrondissement, lui rend hommage avec la visite de son poste de commandement souterrain.
Références
— Bourderon Roger, 2004, Rol-Tanguy : Un héros clandestin de la Seconde Guerre mondiale. Ed. Tallandier.
— Photo : Musée de l’Ordre de la Libération
Général Leclerc
(1902-1947)
Philippe Leclerc de Hauteclocque naît le 22 novembre 1902 à Belloy-Saint-Léonard (Somme). Sa famille est liée à l’Action française mais Leclerc rejette ce mouvement nationaliste d’extrême droite et les thèses antisémites qu’il répand. Jeune capitaine, il est fait prisonnier en 1940. Il s’évade et rejoint, à Londres, la France libre de de Gaulle. Les hommes dialoguent, le général apprécie la singularité et le sens aigu de la stratégie de Leclerc. Il lui confie une mission : rallier l’Afrique Équatoriale française à la France libre. Militaire brillant, Leclerc remplit son engagement. En 1943, sur ordre de de Gaulle, Leclerc constitue la 2ème division blindée (2ème DB). Il est désormais colonel.
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, des forces antinazies combattent : la Résistance intérieure animée par des mouvements très actifs, dont les FTP et FTP-M.O.I. (intégrés aux FFI en 1944), les armées alliées et la Résistance extérieure du général de Gaulle. Toutes luttent contre l’emprise hitlérienne en Europe et en France en particulier.
La 2ème DB débarque le 1er août 1944 en Normandie et libère Alençon le 12. Le 23 août, Leclerc met au point, avec le général de Gaulle et l’assentiment des alliés américains, un plan d’action pour l’entrée de la 2ème DB dans Paris.
Les combats sont nombreux dans les rues pour la libération de la ville. Les FFI affrontent les derniers soldats allemands mais la 2ème DB, commandée par Leclerc, entre dans la capitale et, le 25 août, von Choltitz, gouverneur militaire allemand de Paris, se rend. En présence de Leclerc, la capitulation des troupes nazies est signée par le colonel communiste résistant Rol-Tanguy dont l’action, à Paris, a été décisive et reconnue rapidement comme telle. Le 26 août, de Gaulle et Leclerc descendent l’avenue des Champs-Élysées sous les ovations.
Le 23 novembre 1944, les troupes de la 2ème DB libèrent Strasbourg. En Allemagne, en 1945, les soldats de Leclerc découvrent les camps d’extermination.
Leclerc représente la France à l’étranger : le 2 septembre 1945 puis le 12 septembre, il cosigne les actes de capitulation et de reddition du Japon, allié d’Hitler.
Le 12 juillet 1946, Leclerc de Hauteclocque est nommé inspecteur des forces terrestres en Afrique du Nord et promu général d’armée le 14. C’est sous le nom de général Leclerc qu’il entre dans l’Histoire de la Seconde Guerre mondiale.
Le 28 novembre 1947, il meurt, en Algérie, dans un accident d’avion à l’âge de 45 ans. L’Assemblée nationale lui vote à l’unanimité des obsèques nationales. Compagnon de la Libération, le général Leclerc est élevé, à titre posthume, à la dignité de maréchal de France.
Références
— Levisse-Touzé Christine, 2000, Du capitaine de Hauteclocque au général Leclerc. Éditions Complexe.
— Photo : Musée de l’Ordre de la Libération
Boris Holban
(1908-2004)
Baruch Bruhman, dit Boris Holban, naît le 20 avril 1908 dans un village de Bessarabie (actuelle Moldavie), soumis à de nombreux pogroms. Après l’occupation de la région par l’armée roumaine, Holban poursuit des études scientifiques en roumain. Plus tard, il devient enseignant. Conscient des inégalités sociales ou ethniques, notamment à l’égard des Juifs, il s’engage dans le Parti communiste roumain clandestin.
Holban est emprisonné à plusieurs reprises et envoyé dans un régiment disciplinaire. En 1938, il est déchu de la nationalité roumaine en tant que Juif de Bessarabie et émigre en France où il prend contact avec des communistes roumains. Très vite, il est chargé de la direction du Comité d’aide aux volontaires roumains en Espagne.
En 1939, à la déclaration de la guerre contre l’Allemagne, il se présente comme engagé volontaire et est affecté à Barcarès. Il part au Front, est fait prisonnier par les Allemands en juin 1940 et parvient à s’évader.
En janvier 1941, il revient clandestinement à Paris et participe aux premières actions de Résistance de l’OS (Organisation spéciale) créée à l’automne 1940 par le PCF.
Rapidement, il constitue et dirige les groupes armés roumains de la M.O.I. puis il devient responsable des groupes de combattants de la M.O.I.
Fin 1941, Holban (dit aussi Roger ou Olivier) est désigné par le PCF pour opérer, avec Jacques Kaminski, dirigeant national de la M.O.I., la fusion de l’OS-M.O.I. avec les FTP. En 1942, Kaminski confie à Holban la direction militaire des FTP-M.O.I., zone nord.
Boris Holban est en désaccord avec la stratégie de la M.O.I. qui souhaite démultiplier les actions. Il juge cette option dangereuse et est remplacé, entre août et novembre 1943, par Missak Manouchian.
Mis à la disposition de la direction nationale de la M.O.I., il travaille, notamment, à la constitution des premiers maquis.
Fin 1943, après l’arrestation de Manouchian, Holban est réintégré comme chef militaire des FTP-M.O.I.
Avec Cristina Boïco, responsable du service de renseignement, il analyse les objectifs des interventions et veille à leur bon déroulement.
Le 20 septembre 1944, Boris Holban prend le commandement du bataillon 51-22, composé de participants aux combats de la Libération, notamment de résistants FTP-M.O.I.
Démobilisé en 1946, Boris Holban retourne en Roumanie mais, affecté par les purges antisémites, il émigre définitivement en France, en 1984.
Il meurt le 27 juin 2004.
Références
— Holban Boris, 1994, Après 45 ans de silence, le chef militaire des FTP-M.O.I. de Paris parle. Testament. Ed Calmann-lévy
— Courtois Stéphane, Peschanski Denis, Rayski Adam, 1989, Le sang de l’Étranger. Ed. Fayard.
COMPAGNIE RAYMAN
Une compagnie juive, portant le nom de Marcel Rayman, est constituée dans le cadre de ce bataillon. Marcel Rayman, jeune communiste juif polonais, FTP-M.O.I. depuis 1942, était le responsable militaire de l’équipe spéciale chargée des actions les plus spectaculaires du groupe Manouchian. Marcel Rayman a été fusillé en février 1944 au Mont-Valérien avec les combattants de l’Affiche rouge.
Un appel de la Milice patriotique juive, adressé aux Juifs de Paris lors de la Libération, se termine ainsi : “Pour renforcer la participation des masses populations juives, il est créé une compagnie juive du nom du FTP héroïque de 20 ans, Marcel Rayman. La Compagnie Rayman est intégrée aux FFI et recevra l’instruction militaire dans les casernes avec les autres divisions. Déjà cent jeunes Juifs ont répondu à notre appel et ont été envoyés à la caserne de Reuilly…”
Le bataillon 51/22, déplacé de la caserne de Reuilly à Fontainebleau puis à Provins, est maintenu hors des combats par décision des autorités militaires qui n’ont pas confiance dans les résistants étrangers et se méfient des regroupements par nationalités. Le bataillon est finalement dissous.
Une partie des engagés est dispersée dans des unités de l’armée régulière, une autre est simplement démobilisée. “Tel fut l’épilogue de ce bataillon dont les hommes brûlaient du désir de participer à la lutte contre le fascisme…”. (Boris Holban, commandant du bataillon 51/22).
Référence
Diamant David, 2014, 250 combattants de la Résistance témoignent Ed. L’Harmattan.