LA NAÏE PRESSE
Si la priorité du journal est la lutte contre le fascisme, les informations centrées sur le dynamique réseau associatif culturel et social de la section juive de la M.O.I. sont nombreuses. La NP devient le quotidien d’expression yiddish le plus lu en Europe. L’équipe de rédaction comprend, entre autres, Mounié Nadler, Israël Hirszowski, Louis Gronowski, G. Kenig et Adam Rayski.
L’association des “Amis de La Naïe Presse” diffuse et soutient le journal.
Lors de la Seconde Guerre mondiale, La Naïe Presse se situe, comme toujours, « aux côtés du peuple français ». Après son interdiction, elle reparaît ponctuellement le 15 juillet 1940 sous un nouveau titre, Unzer Wort (ou Unzer Vort). À partir du 29 septembre 1940, et pendant toute l’Occupation, 90 numéros clandestins sont régulièrement publiés en yiddish, sous ce titre qui devient en français Notre parole au nord et Notre voix, au sud. Le journal diffuse des consignes de sécurité, informe sur les crimes des nazis et de Vichy et appelle à la lutte armée dans la Résistance.
Par exemple, Unzer Wort, Notre parole et Notre voix se font l’écho du soulèvement du ghetto de Varsovie ignoré en France et appelle à intensifier le combat contre les nazis.
Porte-parole de l’organisation clandestine de Résistance « Solidarité » issue de la section juive, puis de l’Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide (UJRE), La Naïe Presse (devenue Unzer Wort) est victime de la persécution nazie. De nombreux responsables, rédacteurs, imprimeurs, diffuseurs sont torturés, exécutés, déportés.
La Naïe Presse, journal progressiste, reparaît après guerre sous son titre originel et touche la population juive yiddishophone rescapée et proche de l’idéal de la Résistance. Une page en français complète bientôt l’édition du quotidien. En mai 1965, Marceau Vilner crée un organe entièrement en langue française : La Presse nouvelle hebdo (PNH), qui devient en 1982 le mensuel La Presse nouvelle magazine (PNM). Faute de lecteurs lisant encore le yiddish, La Naïe Presse disparaît en 1993.
Références :
Cukier Simon, Decèze Dominique, Diamant David, Grojnowski Michel, 1987, Juifs révolutionnaires, Messidor/Éditions Sociales.