INSURRECTION DU GHETTO DE VARSOVIE
Après les déportations au centre d’extermination de Treblinka, il ne reste plus que 60 000 Juifs dans le ghetto.
Le lundi 19 avril 1943, veille de la Pâque juive, une colonne blindée de SS pénètre dans le ghetto de Varsovie pour procéder à sa liquidation. Elle est accueillie par un tir de bombes incendiaires lancées des fenêtres et des toits, qui contraignent les nazis à se replier.
C’est le début du soulèvement, une date fondamentale dans l’histoire du génocide juif. Deux mille SS, lourdement armés, sont envoyés face à quelques centaines de résistants juifs très peu équipés. La révolte est menée par l’Organisation juive de combat (environ 700 combattants), qui représente toutes les formations politiques présentes dans le ghetto. Il faudra aux nazis près d’un mois pour écraser la résistance héroïque des combattants et de la population du ghetto qui ont choisi leur mort : debout, les armes à la main.
Les SS incendient le ghetto, maison par maison, pour forcer les habitants à sortir de leur cachette afin de les exécuter. Le 16 mai, il ne reste plus que des ruines. Seuls quelques centaines de survivants réussissent à s’échapper par les égouts.
Dès le 13 mai, en France, toute la presse clandestine de la section juive de la M.O.I. est mobilisée pour informer du soulèvement, en faire le bilan et appeler tous les Juifs à l’unité, sans distinction d’opinion, de milieu social et de nationalité.
Marceau Vilner, déporté à Auschwitz et requis par les nazis pour nettoyer les ruines du ghetto de Varsovie, témoigne :
« […] Pour bien apprécier l’héroïque soulèvement du ghetto de Varsovie, il ne faut pas le juger comme une action isolée, ni comme un acte de désespoir.
C’est dans une phase bien déterminée de la guerre que ce soulèvement s’est produit. Il a mûri dans les conditions créées par la victoire de Stalingrad, qui détruisit la légende de la toute-puissance de l’Allemagne. Il serait inexplicable sans l’aide de la Résistance polonaise et sans le concours des partisans juifs de l’extérieur. Il serait faux également de croire que les quarante mille derniers survivants juifs ont cherché une mort héroïque, mais sans aucune perspective […] ».
Dans tous les pays occupés, la portée de l’insurrection est immense : une poignée d’hommes et de femmes, isolés avec très peu de moyens de défense, a tenu tête à la plus puissante armée du monde. Cette leçon de courage est devenue le symbole de la Résistance juive.
Références
— Rayski Adam, 2003, L’Agonie et la Révolte des derniers Juifs du ghetto de Varsovie (textes réunis et analysés), Musée de la Résistance nationale & La Lettre des résistants et déportés juifs de France. À compte d’auteur.
— Vilner Marceau, Le Chant du ghetto de Varsovie, extrait. Supplément au n° 138 de PNH