RAFLE DE MARSEILLE
Dès lors, la Résistance armée s’intensifie, le 3 janvier des explosifs sont jetés au sein de l’hôtel Splendide, très fréquenté par les Allemands.
Simultanément, une maison de tolérance réservée aux troupes d’occupation est détruite. Les habitants des quartiers populaires sont soupçonnés.
Himmler (principal responsable de la mise en application de la « solution finale de la question juive ») ordonne l’arrestation des « criminels de Marseille » (Juifs et étrangers), leur déportation vers l’Allemagne avec un chiffre fixé à 8000 personnes et la destruction de leur quartier.
La contribution de la police française et de la « garde mobile de réserve » est requise.
Pour la participation française à l’opération, la rafle est placée sous l’autorité de René Bousquet, secrétaire général de la police du régime de Vichy, mandaté par Pierre Laval, chef du gouvernement.
Bousquet obtient des renforts policiers (1200 hommes) et propose d’élargir l’opération à toute la ville.
Les 22 et 23 janvier 1943, le quartier du Vieux-Port est bouclé, les maisons sont fouillées pendant 36 heures, près de 6000 personnes sont arrêtées avec brutalité. Environ 4000 sont relâchées, mais 1642 sont envoyées, dès le 24 janvier, au camp de transit de Royallieu-Compiègne.
782 Juifs, dont 570 de nationalité française, partent directement pour le camp de transit de Drancy, puis seront déportés le 23 et le 25 mars vers Sobibor.
Le 24 janvier 1943, les autorités, xénophobes, cible les Arméniens, les Italiens et les Africains.
25000 habitants sont évacués, 5000 s’échappent. Parmi les 20000 personnes envoyées au camp militaire de Fréjus, les Allemands en extraient 800, issues de familles italiennes, corses marseillaises (et juives qui ont échappé à la première étape de la rafle), auxquelles s’ajoutent 600 suspects. Tous sont déportés au camp de concentration de Sachsenhausen.
100 personnes, à peine, survivront.
L’opération « Sultan » est achevée. Les Allemands, du 1er au 17 février 1943, rasent entièrement le cœur populaire de Marseille, surnommé par les nazis« la verrue de l’Europe » : 1494 immeubles sont démolis, laissant place à des amoncellements de ruines.
Références
— Rajsfus Maurice, 1995, La Police de Vichy : Les forces de l’ordre françaises au service de la Gestapo, 1940-44. Ed. Le Cherche Midi
— Richardot Robin, 2021, À Marseille, la rafle oubliée du Vieux-Port. Le Monde.