Missak Manouchian
(dit Georges)
(1906-1944)
Missak Manouchian naît le 1er septembre 1906, en Arménie (Empire ottoman), dans un milieu paysan. Sa famille est massacrée par les Turcs quand il a neuf ans. Pris en charge par la communauté arménienne, il est accueilli avec son frère, Karapet, dans un orphelinat au Liban sous mandat français. Il y est formé au métier de menuisier. En 1925, il débarque à Marseille avec Karapet puis décide de venir à Paris où il est embauché comme tourneur chez Citroën.
Il s’intéresse à la littérature, écrit des poèmes et suit des cours à la Sorbonne en auditeur libre. Avec un ami arménien, il fonde deux revues, Tchank (l’Effort) puis Machagouyt (Culture), dans lesquelles ils publient des articles sur la littérature française et la littérature arménienne.
Il adhère au Parti communiste français ainsi qu’au HOC (Comité de secours pour l’Arménie), et participe au groupe arménien rattaché à la M.O.I. Il prend la direction, en 1935, du journal Zangou publié sous l’autorité du HOC. Dans ces circonstances, il fait la connaissance de Mélinée Assadourian qu’il épouse en février 1936. Après la dissolution du HOC en 1937, il œuvre pour constituer l’Union populaire franco-arménienne. Il est arrêté à la suite de l’interdiction du PCF en septembre 1939.
Engagé volontaire, il est affecté dans le Morbihan. Après la défaite, il doit rester dans la Sarthe, sous le contrôle des autorités, mais réussit à s’enfuir au début de 1941. De retour à Paris, il est à nouveau arrêté en juin 1941 et interné au camp de Royallieu à Compiègne. Responsable politique de la section arménienne au sein de la M.O.I., il rejoint en février 1943, sous le pseudonyme de Georges, le premier détachement FTP-M.O.I. En juillet 1943, il remplace Alik Neuer, arrêté en qualité de responsable technique des FTP-M.O.I. de Paris. En août 1943, il prend, à la suite de Boris Holban, la direction militaire des FTP-M.O.I. parisiens. Il supervise notamment, le 28 septembre 1943, l’attentat contre Julius Ritter, général SS, adjoint pour la France de Fritz Sauckel, responsable du Service du travail obligatoire (STO).
Dès le mois de septembre 1943, Missak Manouchian est repéré par la Brigade spéciale 2 et son domicile clandestin identifié. Le 16 novembre 1943, alors qu’il a rendez-vous avec Joseph Epstein, responsable des Francs-Tireurs et partisans français (FTP) il est arrêté, en même temps que ce dernier, à la gare d’Évry Petit-Bourg. Torturé, Manouchian est remis aux autorités allemandes avec vingt-deux de ses camarades FTP-M.O.I. Le 19 février 1944, les vingt-trois inculpés sont tous condamnés à mort, lors d’un procès à huis clos, devant une cour martiale allemande, à Paris. Ils sont fusillés au Mont-Valérien le 21 février 1944.
Une « Affiche rouge », destinée à provoquer la peur, exhibe les photos de 10 de ces résistants (7 Juifs immigrés, 1 Espagnol, 1 Italien, 1 Arménien – Manouchian), issus de plusieurs détachements FTP-M.O.I. Placardée par l’occupant sur les murs des principales villes de France, l’affiche suscite, au contraire, la sympathie de la population pour les condamnés du « groupe Manouchian ».
Références
— Le Maitron : notice par Jean-Pierre Besse
— Peschanski Denis, 2013, Des étrangers dans la Résistance : Éditions de l’Atelier/Musée de la Résistance nationale
— Photo (DR)