INSURRECTION DE VILLEURBANNE
Rejoints par plusieurs centaines d’habitants enthousiastes, « Lamiral » et ses hommes sont poussés à occuper divers bâtiments, dont la mairie, le central téléphonique, le commissariat… Des policiers sont désarmés, des armes récupérées, « Lamiral » part prendre conseil auprès du responsable de l’interrégion HI4 des FTP-M.O.I., le Hungaro-roumain Georges Grünfeld, « commandant Lefort ».
Ce dernier, estimant qu’il n’est plus possible de reculer et qu’un retrait serait ressenti par la population comme une faiblesse, voire une trahison, décide d’installer son poste de commandement à la mairie de Villeurbanne – qui devient dès lors le centre de l’insurrection naissante – et il constitue avec « Lamiral » une équipe de commandement.
Pendant trois jours, Villeurbanne ainsi que certains quartiers du nord-est de Lyon, se couvrent de barricades et échappent totalement à l’occupant. Différentes tentatives des troupes allemandes de reprendre l’initiative et de regagner le contrôle de cette partie de la ville, par laquelle passent certains axes qu’empruntent les troupes refluant par la vallée du Rhône, échouent.
À ces événements participent des combattants issus de toutes les organisations de la Résistance. Certes, ce sont les FTP-M.O.I. de « Carmagnole » qui se trouvent à la tête de cette insurrection mais ils agrègent autour d’eux de nombreux résistants auxquels s’ajoutent, comme dans toute situation de type insurrectionnel, un nombre important de volontaires de la dernière heure, sans doute sincèrement prêts à se battre mais ne possédant aucune formation militaire.
Le 26 août 1944, une tentative d’extension de l’insurrection à d’autres quartiers de Lyon échoue et les différents appels à l’aide du « conseil militaire » siégeant à la mairie de Villeurbanne n’ayant eu aucun effet, les insurgés négocient leur retrait. Contre la promesse allemande de ne pas mener de représailles à l’encontre de la population villeurbannaise – promesse qui sera tenue –, ils libèrent les Allemands qu’ils ont faits prisonniers et demandent à la population de démonter les barricades ; les groupes de combat de l’UJRE et de l’UJJ retournent à la clandestinité.
Villeurbanne est, avec Paris, à une échelle infiniment plus petite, la seule ville du pays à connaître une véritable insurrection populaire.
Menée par des étrangers « aux noms difficiles à prononcer », elle ne fut certes pas victorieuse mais constitue néanmoins un des seuls sursauts que Lyon « capitale de la Résistance » a connu au moment de sa libération […] ».
Référence
Claude Collin, 2006, in Dictionnaire historique de la Résistance, Ed. Robert Laffont.