AFFICHE ROUGE
Dès 1942, les Brigades spéciales de la Préfecture de Police (BS), en collaboration avec les services de sécurité allemands, prennent pour cible les organisations de Résistance politique et militaire de la M.O.I.
La troisième filature des BS (juillet-novembre 1943) aboutit à 68 arrestations. Ces 68 résistants sont remis par les policiers français aux autorités d’Occupation. 45 sont déportés en Allemagne. Pour les 23 autres, les Allemands décident d’organiser un procès à grand spectacle.
La chute des FTP-M.O.I. s’étend aussi aux FTPF. 40 résistants français sont arrêtés en décembre 1943. Leur procès est séparé de celui de la M.O.I. afin de monter une campagne xénophobe et antisémite qui aura pour centre l’«Affiche rouge». La presse annonce le procès de «23 terroristes juifs et étrangers» à l’hôtel Continental. Ce procès ne dure qu’une journée (une seule audience) le 19 février 1944 mais de longs comptes rendus sont publiés quatre jours consécutifs jusqu’au mardi 23 février, deux jours après l’exécution des condamnés.
La Propagandastaffel (le service allemand de propagande) de concert avec les services de Vichy, veut faire croire à l’existence d’un vrai et long procès au cours duquel tous les accusés ont la possibilité de s’exprimer.
Le tribunal militaire allemand prononce la condamnation à mort des “23”. Une affiche rouge est placardée sur tous les murs des grandes villes de France. Déclinée en tracts et en brochures, elle est destinée à discréditer la Résistance désignée comme une armée “de terroristes juifs et immigrés à la solde de l’Angleterre et des bolchéviks russes». Sur les 23 résistants, la moitié sont Juifs et présentés comme tels ; les photos de 7 d’entre eux figurent sur l’affiche qui devient le symbole de la Résistance des étrangers au nazisme : Grywacz, Juif polonais, Elek, Juif hongrois, Wasjbrot, Juif polonais, Witchitz, Juif hongrois, Fingerweig, Juif polonais, Boczov, Juif hongrois, Rajman, Juif polonais.
Les 23 hommes sont fusillés le 21 février 1944 au Mont-Valérien. Golda (Olga Bancic) transférée à Stuttgart est décapitée le 10 mai, le jour de son 32ème anniversaire.
En 1955, est inaugurée, à Paris, dans le 20ème arrondissement, une «rue du groupe Manouchian», du nom du responsable militaire (Arménien) des FTP-M.O.I. de Paris-dont le portrait figure sur l’«Affiche-rouge ».
Le poète Louis Aragon écrit “Strophes pour se souvenir” publiées en première page de l’Humanité, le 6 mars 1955. Le poème s’achève par ces vers :
23 étrangers et nos frères pourtant
23 amoureux de vivre à en mourir
23 qui criaient : La France en s’abattant.
Référence
Rayski Adam, 2009, “L’Affiche Rouge”. Ed. Mairie de Paris.