CAMP DE VÉNISSIEUX
Mais pour sauver les enfants d’une déportation ultérieure, il faut agir clandestinement et convaincre les parents de céder leurs droits de paternité à l’ « Amitié chrétienne ». Il est donc indispensable de les voir, un par un, pour leur faire signer cette délégation. Malgré les cris, les pleurs, les tentatives de suicide de certains parents, 108 enfants sont séparés de leurs parents et exfiltrés du camp. Remis officiellement à l’ « Amitié chrétienne », ils quittent Vénissieux accompagnés de Charles Lederman – nommé provisoirement représentant de cette association –, de Georges Garel et de quelques assistantes sociales puis ils sont conduits pour la nuit dans un local des EIF et dispersés le lendemain dans différentes institutions religieuses sous la protection de l’archevêque de Lyon, Mgr Gerlier. Celui-ci, mis devant le fait accompli, est donc tenu de couvrir le Père Chaillet au nom de “l’obligation morale impérieuse”. Dans les heures qui suivent, la police se lance à la poursuite des enfants mais la Résistance répond dans un tract : “Vous n’aurez pas les enfants”. La plupart sont ensuite répartis dans des familles sous de nouvelles identités. La majorité des parents (545) seront gazés.
Ce sauvetage exceptionnel a été rendu possible grâce” à un chaîne de sauveteurs Juifs et non Juifs qui s’organisèrent pour empêcher un crime contre l’humanité” (Serge Klarsfeld).
La “nuit de Vénissieux” marque un tournant décisif pour l’OSE et plusieurs autres associations juives qui accélèrent la mise en place de leurs structures clandestines pour le sauvetage des enfants.
Références
— Portheret Valérie, 2020, Vous n’aurez pas les enfants. Ed. XO documents.
— Perthuis-Portheret Valérie, 2012, Août 1942. Lyon contre Vichy. Le sauvetage de tous les enfants juifs du camp de Vénissieux. Ed lyonnaises d’art et d’histoire.