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Dès la fin des hostilités, le premier comité de dirigeants chargés de la prise en charge d’orphelins juifs est animé par Joseph Minc. Il est composé de quatre anciens résistants M.O.I., Cécile Cerf, Sczmulek Farber, Jeanne Pakin, Sophie Schwartz et de deux pédagogues, Isidore Bernstein et Louba Pludermacher. La nouvelle organisation, créée dès 1945, prend le nom de Commission Centrale de l’Enfance auprès de l’UJRE et de l’Union des Femmes Juives. Elle devient, plus familièrement, la CCE.
En 1946, Joseph Minc, secrétaire général, sera relayé à la tête de la CCE, par Sophie Schwartz puis par Anna Vilner jusqu’à la dissolution de la Commission.Une première Maison pour enfants de fusillés et déportés reçoit d’abord les orphelins à Montreuil-sous-Bois (en actuelle Seine Saint-Denis) mais, très vite, 8 autres maisons d’enfants, dites foyers, sont créées entre 1945 et 1956. La dernière maison fermera en 1958. La plus emblématique est le manoir de Denouval à Andrésy, dans la région parisienne.
Ces 9 foyers abritent des orphelins juifs, de la petite enfance à l’adolescence. Entre 500 et 600 enfants y sont accueillis et éduqués. Les foyers fonctionnent grâce à de nombreuses collectes et aides ponctuelles.
L’esprit progressiste anime les maisons d’enfants de la CCE : idéal révolutionnaire et laïque, pédagogie novatrice (proche des idées de Makarenko, Korczak, Montessori et du mouvement de l’Éducation Nouvelle), exaltation des héros de la Résistance, incarnée par les combattants de la section juive de la M.O.I. Des colonies de vacances sont réparties sur tout le territoire français. 2500 enfants juifs, orphelins ou non, fréquentent chaque année ces colonies où l’on fait découvrir les grands écrivains de langue yiddish et rêver aux « lendemains qui chantent ».
L’une des colonies les plus représentatives est celle de Tarnos (Landes) à vocation sanitaire.
Parallèlement, la CCE organise des patronages tandis que résonne encore la langue yiddish au siège de la rue de Paradis (Paris 10ème).
Une grande kermesse est organisée chaque année au profit des œuvres sociales et solidaires. L’adhésion militante à un monde juste et démocratique va de pair, à la CCE, avec l’attachement à une judéité humaniste, exempte de tout communautarisme.
La CCE cesse son activité en 1988.
Références :
— Ouvrage collectif, 2022, La Commission centrale de l’Enfance, Des larmes aux rires, Histoire et mémoire d’une organisation juive, laïque et progressiste, 1945-2020. Ed Le cherche midi-AACCE.
— Wolikow Serge et Lassignardie Isabelle, 2015, Grandir après la Shoah, Ed. de l’Atelier.
— Hazan Katy, 2003, Les orphelins de la Shoah, les maisons de l’espoir (1944-1960). Éd. Les Belles Lettres.