Ephraïm Lipcer
(Dit Émile Féraud, André Lemonnier)
(1910 – 1943)
Né le 6 juillet 1910, en Pologne, à Suwalki, dans une famille juive, Ephraïm Lipcer suit sa scolarité au lycée de Radom et obtient le baccalauréat. Il émigre en France en 1929, espérant poursuivre des études universitaires à Montpellier, mais il doit les abandonner en raison de difficultés financières. Lipcer travaille très vite comme agent de publicité du journal en yiddish La Naïe Presse (la Presse nouvelle), éditée par la section juive de la M.O.I. Il épouse Gnisia Breynazin et s’installe avec elle à Paris. Il obtient la nationalité française par décret le 30 décembre 1937. A la déclaration de la guerre, il est mobilisé. Après sa démobilisation, il écrit dans la publication antiraciste J’Accuse, éditée en français, et le journal Unzer Wort (Notre Parole) édité en yiddish, tous deux clandestins.
Il rejoint l’organisation clandestine juive « Solidarité » dont il est un membre très actif. Il développe des activités illégales, comme par exemple la vente de gants, pour alimenter la caisse de l’organisation. Signalé aux Renseignements généraux dès janvier 1942 pour commerce illicite, il est introuvable. Sous les noms d’Émile Féraud et André Lemonnier, il poursuit ses activités clandestines de Résistance. Il déménage au 2 Impasse du Maroc (20ème arr.) et devient permanent de la section juive illégale de la M.O.I.
Pendant plusieurs semaines, les policiers de la Brigade spéciale 2 filent des membres de la M.O.I. et notent tous leurs rendez-vous. Lipcer surnommé Maroc est suivi et son logement clandestin découvert. Comme il ne prend pas conscience de la longue filature dont il est l’objet, la police peut ainsi repérer et identifier de nombreux militants..
L’arrestation d’Ephraïm Lipcer s’effectue le 2 juillet 1943. Dans son logement, les policiers découvrent ses faux papiers, deux feuillets de rendez-vous, onze feuillets d’adresses et un carnet. Interrogé avec brutalité, dans les locaux des Brigades spéciales, Ephraïm Lipcer est interné à Drancy sous le matricule 3200. C’est par le convoi 58 qu’il est transféré le 31 juillet 1943 à Auschwitz où il meurt.
Ephraïm Lipcer a été rendu responsable de l’arrestation de résistants.
Il s’agit plus vraisemblablement des conséquences de la filature menée par les policiers des Brigades spéciales.
Le nom de Lipcer (avec le prénom Sylvain) et celui de sa femme, Gnisia Lipcer, déportée dans le même convoi, figurent sur le mur du Mémorial de la Shoah à Paris.
Références
— Le Maitron, par Daniel Grason
— Wieviorka Annette, 1986, Ils étaient juifs, communistes et résistants. Edition Denoël.
— Photo : archives du PCF (DR)