G. Kenig
(1909-1972)
Jakob Elimajlech Gromb, dit G. Kenig, naît le 19 octobre 1909 à Varsovie dans une famille juive modeste. Il est de ceux qui pensent qu’on peut être Juif sans être religieux, la langue et la culture yiddish définissant cette identité nationale. Il participe au cercle folkloriste S. Anski de Varsovie lié à l’Institut culturel et scientifique juif de Wilno, le YIVO, collectant proverbes, contes, us et coutumes, chansons yiddish…
Jakob Gromb publie une étude qui recense les cris des marchands juifs dans les rues et les cours de Varsovie. Communiste convaincu, il milite avec ardeur.
En novembre 1931, il émigre à Paris, gagne sa vie comme tricoteur tout en s’impliquant activement dans les organisations syndicales et les associations de la section juive de la M.O.I. Il est appréhendé lors de la manifestation communiste antifasciste du 6 février 1934 et fait l’objet d’un arrêté d’expulsion. Il reste illégalement à Paris et est condamné en mars 1935 à 15 jours d’incarcération qu’il purge à la prison de Fresnes. Par la suite, il est autorisé à résider provisoirement en France.
Il adopte le pseudonyme de G. Kenig et occupe le poste de rédacteur permanent du quotidien yiddish La Naïe Presse, dès la création du journal en janvier 1934.
À la déclaration de la guerre, G. Kenig s’engage et est incorporé dans le 22ème régiment de marche de volontaires étrangers mal équipé, le « régiment ficelle », il participe aux combats de la Somme où nombre de soldats sont tués. Kenig est fait prisonnier le 6 juin 1940. Il est interné en Prusse où il passe 5 années de guerre et co-organise la résistance parmi les captifs. Libéré par les troupes soviétiques, il regagne la France le 6 juin 1945 et est démobilisé à Paris en novembre.
G. Kenig milite à l’Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide (UJRE) créée pendant la Résistance, à l’Union des Engagés Volontaires Anciens Combattants Juifs (UEVACJ) dont il est le vice-président et, surtout, à La Naïe Presse, redevenue légale, dont il est le rédacteur en chef jusqu’à la fin de sa vie.
L’arrêté d’expulsion pris à son encontre en 1934 est annulé, compte tenu de son engagement pendant la guerre. Il obtient la naturalisation française le 9 août 1948.
Mais, en raison d’une politique répressive à l’égard des militants d’origine étrangère, Kenig fait l’objet d’une dénaturalisation « pour assimilation insuffisante » et d’une mesure d’expulsion qui frappe également sa femme et ses enfants. L’UJRE et les associations proches du Parti communiste organisent une campagne de protestations efficace. Le 1er janvier 1952, le Conseil d’État déclare la procédure de dénaturalisation entachée d’illégalité et donc nulle et non avenue.
Jacob Gromb, dit G. Kenig, meurt à Paris d’une crise cardiaque au cours d’une réunion, le 14 février 1972.
Références
— Spire Alexis, 2005, Étrangers à la carte. L’administration de l’immigration en France (1945-1975), Paris. Ed. Grasset.
— Photo : coll. particulière, A. Gromb