GUÉRILLA URBAINE
Pendant la Seconde Guerre mondiale, la « guérilla urbaine », caractérisée par le harcèlement de l’ennemi (nazi et vichyste), s’exerce en ville (notamment à Paris, Lyon, Toulouse, Marseille et Grenoble). Elle est le fait, très principalement, des communistes. Depuis l’invasion de l’URSS, en été 1941, l’objectif assigné par l’Internationale communiste (organisation qui représente les pays communistes alignés sur l’Union soviétique) est la démoralisation de l’ennemi par une pression incessante. Coups de main, attaques et opérations armées imprévisibles empêchent le départ de troupes allemandes sur le front russe.
En France, la guérilla urbaine montre la détermination de la Résistance communiste à répondre aux exécutions d’otages, aux arrestations arbitraires, aux traitements inhumains, xénophobes et antisémites, perpétrés par l’occupant et le régime pétainiste de collaboration. Elle vise, en particulier, tous les lieux où se regroupent des soldats allemands (hôtels, garages, restaurants, lieux de spectacle…).
La conception de la « guérilla urbaine »en France est le fait de Joseph Epstein (dit « Colonel Gilles »), Juif polonais, stratège, désigné par le Parti communiste français, en février 1943, pour diriger les FTP de la région parisienne. Les « groupes de 3 » sont alors la règle mais Epstein préconise des groupes de combat de 12 à 24 hommes, divisés en plusieurs sous-groupes qui se relaient. L’objectif est d’amplifier l’action et de limiter les pertes. Le nombre d’hommes impliqués dans ces actions est limité du fait des compétences requises et des risques encourus.
Les opérations de « guérilla urbaine » sont encadrées militairement par les FTPF et FTP-M.O.I. qui opèrent sous forme de « détachements ». Les combattants sont peu nombreux (65 à Paris, 80 à Toulouse, 55 à Marseille). Ce sont, majoritairement, des Juifs immigrés d’Europe de l’Est, souvent anciens brigadistes défenseurs de la République pendant la guerre civile en Espagne (1936-1938). En outre, dans leurs pays d’origine (Pologne, Hongrie, Roumanie…), déjà fortement politisés, ils ont acquis l’expérience de la clandestinité et de la lutte contre le fascisme. Ils n’hésitent pas à se mettre en danger.
La police française dévouée aux Allemands, et l’occupant nazi, préoccupé de sa sécurité, exercent une répression terrible (peines de mort, tortures et déportations) sur les combattants de la guérilla mais les résistants gagnent peu à peu la bataille de l’opinion.
Références :
— Courtois Stéphane, Peschanski Denis, Rayski Adam, 1989, Le Sang de l’étranger. Ed. Fayard
— Diamant David, 1971, Les Juifs dans la Résistance française, Ed. Le Pavillon, Roger Maria.