JUDÉO-BOLCHÉVISME
Avant de gagner d’autres pays, dont la France, c’est d’abord en Russie que prospère le fantasme. En 1881, au lendemain de l’assassinat de l’empereur Alexandre II, les Juifs, dénoncés comme coupables du crime, sont victimes de pogroms ravageurs. En 1901, le texte Les Protocoles des Sages de Sion, faux rédigé par la police secrète du Tsar, décrit une machination associant des éléments antinomiques, capitalisme et révolution sociale, pour l’édification d’un « pouvoir juif mondial ». Sont amalgamés un supposé « complot juif » d’asservissement du monde et le marxisme, doctrine de justice sociale qualifiée de « juive ».
Après la révolution d’Octobre 1917, l’antisémitisme constitue un axe central de la propagande russe antirévolutionnaire : Lénine, Trotski et la plupart des dirigeants bolcheviks (futurs communistes) sont présentés comme les agents de la « conspiration juive internationale ».
Pour les uns, le Juif est l’homme lié à la Banque mondiale, pour d’autres, le Juif est l’inverse : un militant égalitaire. À abattre dans les deux cas.
Le mythe du judéo-bolchevisme anime la propagande nazie, avant et après 1933. Le 11 septembre 1935, Hitler impose en Allemagne les lois raciales antijuives de Nuremberg.
Dès 1940, dans la France collaborationniste occupée par les nazis, les Juifs sont officiellement persécutés. En 1941, l’exposition violemment antisémite Le Juif et la France, développe largement le thème du judéo-bolchevisme. À partir de mars 1942, une exposition itinérante d’affiches intitulée Le Bolchevisme contre l’Europe parcourt le pays. En février 1944, l’Affiche rouge placardée sur les murs, expose à tous l’obsession meurtrière judéo-communiste des nazis et des collaborateurs.
Références
— Taguieff Pierre-André, 2008, La Judéophobie des Modernes : des Lumières au Jihad, Paris, Ed. Odile Jacob.
— Winock Michel, 2004, Nationalisme, antisémitisme et fascisme en France, Ed. du Seuil, 2004.