Le débarquement en France est imminent. Pour les résistants de l’intérieur, le temps de l’insurrection approche.
La Résistance est unifiée en deux structures : l’une, militaire, est constituée des Forces Françaises de l’Intérieur (FFI). Les FTPF et les groupes FTP-M.O.I. sont intégrés aux FFI.
L’autre structure, civile, rassemble les Comités Départementaux de la Libération (CDL). Leur rôle, dans le pays, est considérable. À Paris, bien que très touchés par la répression, ils sont plus de 200, proches de la section juive de la M.O.I., à rejoindre le Comité parisien de la Libération.
En avril 1944, sur proposition du Parti communiste français et à l’initiative du Conseil National de la Résistance (CNR), des Milices patriotiques (MP) sont créées. Elles visent à devenir des organisations de masse, ouvertes à tous les patriotes. L’objectif est la préparation à l’insurrection nationale.
Cécile Cerf est nommée, en mai 1944, responsable FTP-M.O.I. pour la mise en place de ces Milices Patriotiques. L’approvisionnement en armes est un problème majeur.
L’Union de la Jeunesse Juive constitue ses propres milices, les milices patriotiques juives. Un tract de l’UJJ de Paris appelle au « Grand Combat ».
FORCES FRANÇAISES DE L'INTERIEUR
Forces Françaises de l’Intérieur
Les Forces Françaises de l’Intérieur (FFI) sont créées en février 1944 pour unifier les différents mouvements de Résistance intérieure. L’objectif : la préparation du débarquement allié en France.
En savoir plus
Le 1er février 1944, les huit plus grands mouvements de Résistance français sont regroupés dans les Forces Françaises de l’Intérieur (FFI), sous le commandement du général Kœnig basé à Londres.
L’Armé secrète (AS, gaulliste , regroupant (Combat, Libération-Sud, Franc-Tireur), l’Organisation de Résistance de l’Armée (ORA) et les communistes avec les Francs-tireurs et partisans français (FTPF ou FTP) et les FTP-M.O.I. composent principalement les FFI.
L’objectif est de coordonner leurs actions pour préparer le débarquement des troupes alliées sur les côtes de France.
Un Commandement central des FFI est créé en zones nord et sud, et des organisations régionales couvrent l’ensemble du territoire.
Un Comité militaire d’action est fondé par le Comité central des mouvements de Résistance sous le nom de COMIDAC. En mai 1944, le COMIDAC se rattache au Conseil national de la Résistance (CNR). Il devient le COMAC, surtout préoccupé d’insurrection nationale.
Les communistes y sont majoritaires. Sous l’égide du CNR, ils organisent des comités départementaux de libération (CDL).
Après la mise en œuvre de la paralysie des transports par voie ferrée et le sabotage des réseaux électriques, les FFI participent efficacement à la libération du territoire, notamment en Bretagne, à Paris, dans le Sud-Ouest et le Sud-Est.
Ils jouent un rôle non négligeable dans la préparation du débarquement allié en Normandie de juin 1944 et dans la libération de la France.
Les effectifs des FFI sont de 100 000 en janvier 1944,200 000 en juin et 400 000 en octobre.
Après la libération de Paris, le général de Gaulle, chef du Gouvernement provisoire de la république française (GPRF), inquiet de l’existence de groupes armés « incontrôlés », est soucieux de rétablir l’« ordre républicain ». Il fait paraître, le 28 août, un décret ordonnant la dissolution de toutes les unités FFI constituées pour les combats clandestins.
De Gaulle offre aux résistants, désireux de combattre jusqu’à la victoire finale, la possibilité de rejoindre les unités de la nouvelle armée française.
En septembre 1944, les FFI sont intégrées dans l’armée régulière.
Le COMAC finit par disparaître en janvier 1945 lorsque le Comité central du PCF appelle au “retour à l’ordre républicain” souhaité par de Gaulle. De même, le GPRF supprime la direction FFI du ministère de la Guerre.
Référence
Muracciole Jean-François, 1993, Histoire de la Résistance en France, Paris, PUF.
FRANCS-TIREURS ET PARTISANS FRANÇAIS (FTPF OU FTP)
En octobre 1941, les anciens brigadistes de la guerre civile espagnole et les militants communistes de l’Organisation spéciale (groupes OS), qui ont échappé aux traques des nazis, sont les premiers recrutés. Début 1942, les jeunes combattants des Bataillons de la Jeunesse se joignent à eux.
En avril 1942, les Francs-tireurs et partisans français (FTPF ou FTP) sont complètement constitués. Cette force de Résistance intérieure, militaire dans sa conception, est immédiatement opérationnelle. Elle s’ouvre aux non-communistes mais reste sous l’autorité du PCF.
Menacés dans leur existence et guidés par leur désir de libérer la France du nazisme, des combattants juifs immigrés sont amenés à mener une lutte spécifique aux côtés des FTP. Parallèlement et très rapidement, des groupes de Francs-tireurs et partisans M.O.I. (les FTP-M.O.I.) se forment à Paris sous la direction militaire de Boris Holban.
Dix pour cents des effectifs des militants communistes doivent être versés aux FTP, la règle demeure la même pour les FTP-M.O.I.
Les FTP opèrent d’abord en zone nord occupée mais ils élargissent leur champ d’action à la zone dite libre, dès l’entrée des troupes allemandes en zone sud, fin 1942.
Le journal des FTP, France d’abord, rend compte de la lutte armée de l’organisation, partout en France.
À partir de 1943, les FTP sont regroupés, avec les FTP-M.O.I., sous l’égide du « Front national de lutte pour la libération et l’indépendance de la France », créé par le PCF dès 1941.
Les FTP et les FTP-M.O.I., très structurés militairement, pratiquent la guérilla urbaine et l’action immédiate.
En zone sud, les FTP et FTP-M.O.I. créent des maquis.
Pourchassés par la Gestapo, nombre de FTP (et, particulièrement, FTP-M.O.I.) sont torturés et déportés mais leur action de Résistance intérieure, (comme celle des MUR ou de l’Armée secrète), est déterminante dans la libération du pays.
En 1944 les FTP et FTP-M.O.I., tout en conservant leur autonomie, sont regroupés au sein des Forces Françaises de l’Intérieur (FFI).
Référence
Tillon Charles, 1991, Les FTP, soldats sans uniforme, Éditions Ouest-France.
GROUPES FTP-M.O.I.
Parmi les résistants FTP-M.O.I., nombreux sont les anciens combattants des Brigades Internationales rompus au maniement des armes en Espagne et à la clandestinité dans leurs pays d’origine.
À leurs côtés, de très jeunes résistants sans expérience se portent volontaires. La répression particulière qui frappe les Juifs les rend plus rapidement combatifs.
Les Juifs d’origine immigrée sont versés dans plusieurs détachements mais le deuxième détachement est exclusivement juif. Une équipe spéciale est formée de combattants d’élite pour les opérations délicates. Des Juifs y participent.
Être FTP-M.O.I., c’est vivre en clandestin et se consacrer à plein temps à l’activité militaire. Les FTP-M.O.I. juifs sont pris en charge par la section juive de la M.O.I. et doivent couper tout contact avec leurs familles. Pour eux, à la fois résistants et juifs, la nécessité de la clandestinité est double.
Les FTP-M.O.I. sont, en France, des acteurs essentiels de la lutte armée qui commence par des actions isolées symboliques avant l’organisation d’une véritable guérilla urbaine ou de maquis en régions.
Ils ont pour responsables militaires des FTP et pour responsables politiques, des militants de la M.O.I.
Les attaques directes de ces combattants contre les objectifs militaires sont décisives : déraillements de trains ennemis transportant du matériel de guerre, lieux de commandement allemands incendiés, dépôts d’armes dévastés, camions militaires détruits, hôtels réquisitionnés par l’armée assaillis…
Les FTP. M.O.I. sont traqués dans la France entière. Les FTP-M.O.I. juifs peuvent mener des opérations concluantes grâce à l’aide de la Résistance civile de la section juive de la M.O.I. et d’une partie de la population française.
En 1944, les mouvements de Résistance se rassemblent en une structure unique, les Forces Françaises de l’Intérieur (FFI). Les FTPF et les FTP-M.O.I. sont intégrés aux FFI.
Les Juives et Juifs engagés militairement dans les FTP-M.O.I. sont mus, certes, par un désir profond de lutte face à l’extermination mais ils sont portés, tout autant, par un idéal de justice et par leur amour pour la République française.
Référence
Courtois Stéphane, Peschanski Denis, Rayski Adam, 1989, Le Sang de l’Étranger (Les immigrés de la M.O.I. dans la Résistance), Paris. Ed. Fayard
Manessis Dimitri & Vigreux, Jean, 2024, « Avec tous tes frères étrangers. De la MOE aux FTP-MOI ». Ed. Libertalia
COMITÉS DÉPARTEMENTAUX DE LA LIBÉRATION (CDL)
L’objectif est de créer des organisations de Résistance civile aux côtés d’une structure militaire, les Forces françaises de l’intérieur (FFI).
Les CDL sont des représentants, à l’échelle départementale, du Conseil national de la Résistance. Ils sont renforcés par de nombreux comités locaux. Clandestins, les CDL sont chargés de :
— venir en aide aux résistants
— préparer la Libération du territoire, notamment en épurant et en réorganisant l’administration du pays dévoyée par l’emprise collaborationniste vichyste.
— devenir des auxiliaires des autorités après la Libération.
Toutes les composantes de la Résistance sont représentées dans les CDL, de la droite républicaine aux communistes (dont les FTP) mais le PCF domine de nombreux Comités, en particulier le Comité parisien de la Libération (CPL) animé par André Tollet. Le journal du Comité, Le Patriote parisien, diffuse 3 numéros clandestins de mars à juin 1944.
En juillet 1944, il existe quarante Comités locaux de la Libération (CLL) à Paris. Le Comité parisien joue un rôle très important dans la Libération de la capitale du 19 au 25 août 1944. Il s’emploie, ensuite, à établir de nouvelles listes électorales pour les élections municipales d’avril 1945 mais l’unité, élaborée dans la clandestinité, peine à se maintenir.
La réforme de l’État en profondeur ne peut être menée à terme. La guerre terminée, le Gouvernement provisoire de la République française (GPRF), conduit par Charles de Gaulle, réduit les CDL à un rôle consultatif. Le CPL n’aura plus qu’une activité mémorielle.
Référence
Riondet Charles, 2017, Le Comité parisien de la Libération : 1943-1945. Ed. Presses Universitaires de Rennes.
CONSEIL NATIONAL DE LA RÉSISTANCE (CNR)
L’idée d’une unification des différents mouvements de Résistance, pour une plus grande efficacité, est avancée car seuls les FTPF et FTP-M.O.I., proches des communistes, sont conçus en structures militaires.
En outre, l’unification de la Résistance, voulue par de Gaulle, répond à son désir d’asseoir son autorité auprès des alliés. À Paris, le 27 mai 1943, a lieu la première réunion du Conseil national de la Résistance (CNR), présidée par Jean Moulin, délégué de Charles de Gaulle en France. Les obstacles sont nombreux mais, autour de la table, sont présents les représentants de huit grands mouvements de la Résistance intérieure, de six partis politiques et de deux syndicats, de la droite républicaine aux communistes.
Jean Moulin est arrêté par la gestapo le 21 juin 1943. Il mourra le mois suivant après avoir été torturé. Georges Bidault deviendra le second président du CNR.
Le Programme du CNR, « Les Jours Heureux », paraît le 15 mars 1944 après un long cheminement et plusieurs moutures. Peu diffusé à sa parution, ce programme prend toute sa place durant les années 1944-45. Son premier volet souligne l’importance de l’action immédiate avec la mise en place des milices patriotiques qui œuvrent à la libération de la France, le second volet présente des mesures économiques et sociales démocratiques inspirées des valeurs communistes.
Les mesures à appliquer promeuvent la suppression de toutes les discriminations dont les Juifs ont été victimes, la restitution de leurs biens, le respect de la personne humaine pour tous, la justice sociale, le retour à la nation des grands moyens de production, le droit au travail, à la retraite, à l’instruction, à la sécurité sociale…
Le poids des interventions des nombreux résistant (e) s et des débats à l’Assemblée consultative provisoire qui siège à partir de 1943 à Alger puis à Paris, permet l’adoption d’ordonnances aux contenus progressistes portant les idées du Programme du CNR.
Les divergences d’idées au sein des différentes sensibilités du CNR expliquent en grande partie les absences de référence à la laïcité, au vote des femmes ou aux colonies.
Références
— CNR, 1944, « Les Jours Heureux » Paris.
— Andrieu Claire, 1984, « Le Programme commun de la Résistance » Paris Ed. de l’Érudit.
MILICES PATRIOTIQUES
La libération de Paris, le 25 août 1944, galvanise les forces combattantes. Davantage que les groupes de FTP, les milices patriotiques (MP) ont vocation à devenir des organisations de masse ouvertes à tous les patriotes. Leur objectif majeur est sans ambiguïté : « participer à l’insurrection nationale contre l’occupant allemand, protéger la vie et les biens des Français « contre la terreur et la provocation […] ».
La mission prioritaire des FFI est essentielle dans le fonctionnement des « MP » :
« Combattre dès maintenant l’ennemi en harcelant ses troupes ».
Les Juifs sont nombreux au sein des milices patriotiques mais de jeunes Juifs, issus de l’UJJ (Union de la jeunesse Juive), constituent des milices spécifiquement juives avec pour double objectif de récupérer des armes et détruire les panneaux indicateurs qui servent à la circulation des convois militaires allemands. Jean Tancerman, détaché de la zone Sud, encadre militairement la Milice patriotique juive de Paris.
Le fonctionnement des MP, contrôlées principalement par le PCF, pose souvent des problèmes logistiques (pénurie d’armes, manque de responsables et de combattants formés à ce type d’action). Le 28 octobre 1944, le gouvernement provisoire de la République française ordonne, par décret, le désarmement des milices patriotiques. Maurice Thorez, secrétaire général du PCF, préside à leur dissolution sur ordre du Général de Gaulle. Après l’incorporation des FFI dans l’armée régulière, Charles de Gaulle entend affirmer le rétablissement d’un ordre républicain sous son seul commandement.
Références
— Rapport d’inspection manuscrit inédit de Cécile Cerf, cadre FTP-M.O.I. au maquis de la « milice patriotique » de Saône et Loire, août 1944.
— AACCE (Amis de la Commission centrale de l’enfance), 2009, Les Juifs ont résisté en France (1940-1945. Témoignage de Robert Endewelt, Éd. AACCE.
Cécile Cerf
(1916-1973)
Cécile Cerf naît le 12 janvier 1916 en Lituanie, à Vilna (sous administration russe) devenue Wilno en 1920, sous domination polonaise. Cécile Cerf est la fille aînée de Moshe Shalit, co-fondateur du YIVO et président de l’association des écrivains et journalistes de langue yiddish. Elle participe très jeune à l’action révolutionnaire contre la dictature militaire polonaise.
En 1932, elle poursuit ses études à Paris. Elle abandonne les cours par conviction politique pour vivre la condition ouvrière. En 1934, elle épouse Marcel Cerf, photographe engagé, futur historien de la Commune de Paris-1871 et devient française. Le 6 février, elle s’oppose aux émeutiers fascistes.
En 1940, son mari est fait prisonnier en Allemagne. En décembre 1942, Cécile Cerf s’engage dans les rangs des Francs-tireurs et partisans (FTPF). Elle s’implique dans le sauvetage des enfants juifs, la recherche de logements pour les combattants armés et l’approvisionnement des groupes de combat. Elle prend part aux transports d’armes et de matériel qui permettent le succès de plusieurs actions contre les troupes ennemies.
En 1943, elle est l’un des jalons de la deuxième et meurtrière grande filature de résistants M.O.I.
Elle intègre la direction de l’organisation clandestine “Solidarité”.
À partir d’août 1943 jusqu’à mai 1944, Cécile Cerf est cadre FTP-M.O.I. auprès de la Résistance, zone Nord. Elle a pour mission de développer l’activité résistante parmi les femmes dans toutes les immigrations.
Elle installe une imprimerie clandestine à Châtenay-Malabry, transportant à vélo les stencils destinés à l’édition des tracts.
À partir de mai 1944, Cécile Cerf est nommée responsable FTP-M.O.I. auprès de la Résistance, zone Nord, pour la mise en place des Milices patriotiques. Elle est, en outre, chargée du contrôle des maquis.
À la Libération, Cécile Cerf cofonde la Commission Centrale de l’Enfance (CCE) dont elle devient l’une des dirigeantes. Elle est la première administratrice du journal Droit et Liberté d’après-guerre, secrétaire de rédaction du quotidien de langue yiddish, Naïe Presse, coresponsable du Centre culturel juif de l’UJRE et directrice de la librairie du Renouveau. Elle coorganise à la Sorbonne et à l’UNESCO un hommage à l’écrivain Sholem Aleikhem.
Pour la Presse Nouvelle Hebdomadaire (PNH,) elle traduit en français de nombreux textes d’autres auteurs de langue yiddish.
Elle œuvre pour le dialogue des cultures et pour la défense des opprimés, d’où qu’ils viennent, dans l’esprit de la Résistance, jusqu’à sa mort à Paris, le 29 décembre 1973.
Références
— Cukier Simon, Decèze Dominique, Diamant David, Grojnowski Michel, 1987, Juifs révolutionnaires, Messidor, Éditions Sociales.
— Rapports officiels du Capitaine FFI Gaston Laroche et de Louis Gronowski-Brunot, responsable national FTP-M.O.I. (Archives du Ministère chargé de la Mémoire et des Anciens combattants)
— Photo : coll. particulière (DR)
UNION DE LA JEUNESSE JUIVE (UJJ)
Au début de l’année 1943, la section juive décide de rassembler ses forces et crée l’Union des Juifs pour la Résistance et l’entraide (UJRE), à destination des adultes, et l’Union de la jeunesse juive (UJJ), à destination de la jeunesse. En 1943, la direction nationale de la section juive de la M.O.I., victime de nombreuses arrestations, se replie à Lyon où elle s’installe définitivement. L’UJJ va se développer surtout en zone sud.
Elle se veut distincte de la Jeunesse communiste juive mais lui reste très liée et constitue, surtout, un regroupement des sympathisants, quelles que soient leurs options politiques.
La JC/UJJ comprend 65 % de garçons, 35 % de filles et surprend par le nombre important de très jeunes militants. Ils sont presque tous issus de l’immigration juive ashkénaze d’Europe centrale et orientale, principalement d’origine polonaise. Ils appartiennent à des familles d’artisans ou d’ouvriers travaillant dans de petits ateliers de confection. A 80 %, ils habitaient Paris ou la région parisienne avant-guerre.
Beaucoup se connaissaient avant leur arrivée à Lyon, Grenoble ou Toulouse. Ces jeunes sont largement intégrés à la société française, mais ils entretiennent encore des liens avec leur culture d’origine.
En janvier 1944, la JC juive en zone sud compte 165 jeunes. À la même date, l’UJJ en recense 194. Quatre mois plus tard, leurs effectifs ont quasiment doublé. Les jeunes de la section juive de la M.O.I. composent, dès l’origine, un vivier dans lequel puisent les FTP-M.O.I. Par ailleurs, l’UJJ, comme l’UJRE, commence à organiser, dès la fin 1943, des “groupes de combat” Ceux-ci s’emparent, revolver au poing, des tickets d’alimentation dans les mairies, sabotent des panneaux indicateurs, s’attaquent aux vitrines de collaborateurs notoires… Il leur arrive même de désarmer des policiers ou de récupérer des armes sur des soldats allemands.
Les actions sont, au fil des mois, de plus en plus coordonnées avec celles des groupes de combat “adultes” de l’UJRE et même, dans les semaines qui précédent la Libération, avec celles des FTP-M.O.I. Des jeunes de l’UJJ, constitués en trois unités, vont participer activement à l’insurrection de Villeurbanne du 24 au 26 août 1944, aux côtés des combattants du groupe FTP-M.O.I. « Carmagnole. ».
Note personnelle de Claude Collin