Le gouvernement de Vichy intensifie sa collaboration avec les nazis tandis que, sur le territoire français, les maquisards se livrent à des actions ponctuelles de sabotage, à des opérations de harcèlement contre l’ennemi et s’apprêtent à participer au soulèvement du pays. Des maquis M.O.I. sont particulièrement actifs en zone sud, des résistants juifs les rejoignent.
Le général de Gaulle, chef de la Résistance extérieure, dirige à Londres le Comité national français créé le 24 septembre 1941. Il charge Jean Moulin, son délégué en France, de fédérer les mouvements de Résistance intérieure, adversaires du régime de Vichy et défenseurs de la République. La tâche est difficile, Jean Moulin doit affronter de nombreuses oppositions mais la Résistance se structure. Le Conseil National de la Résistance (CNR) est créé le 27 mai 1943, Jean Moulin le préside.
Le 3 juin 1943, le Général de Gaulle prend la tête du Comité français de Libération Nationale (CFLN), fusion du Comité national français et du commandement civil et militaire basé à Alger et dirigé par le général Giraud. L’objectif est d’unifier les forces militaires françaises dans la guerre mondiale contre l’Allemagne nazie. Avec les armées alliées (notamment celles du Royaume-Uni, des USA, du Canada et de l’URSS), le CFLN prépare la Libération.
Dans cet esprit, le Parti communiste, dont la force militaire est constituée par les FTPF, et les FTP-M.O.I., réactive son Front National de Lutte pour la Libération et l’Indépendance de la France créé dès 1941 et partie prenante du CNR. Ces organisations clandestines de Résistance liées aux communistes se préparent à l’insurrection nationale en recrutant largement. La concurrence est incontestable entre les différents mouvements de Résistance mais la dominante est à l’union et la tâche est double : lutter contre les nazis et leurs collaborateurs et préparer l’après-guerre.
RÉGIME DE VICHY, GOUVERNEMENT DE VICHY
Référence
Paxton Robert O., La France de Vichy 1940-1944,1973, nouvelle édition 1999, Éditions du Seuil.
NAZISME
Le nazisme a pour but de créer une communauté nationale fondée sur la race épurée des Allemands (la race aryenne). Elle doit aussi être « améliorée » : par exemple, les opposants politiques et les individus qui manifestent des « comportements asociaux », tels les homosexuels, doivent être rééduqués dans des camps de concentration. Ceux qui sont biologiquement indésirables (handicapés, malades mentaux) doivent être expulsés de la communauté. Les “sous-hommes”, tels les Slaves, les Asiatiques, Arabes et Noirs peuvent être dominés. Les Tziganes, aryens supposés corrompus par des mélanges raciaux qui leur ont fait perdre leur aryanité, sont déportés et exterminés. On estime à 200.000 le nombre de Tziganes victimes de cette politique génocidaire.
Selon la doctrine nazie, les Juifs sont situés hors de la « sous-humanité » et constituent une menace permanente pour la pureté aryenne ; élément d’anéantissement de la communauté, la « souillure juive » doit être combattue, au regard d’Hitler et de ses adeptes, par tous les moyens jusqu’à la disparition de tous les Juifs.
Les mesures antijuives sont toujours présentées comme une réponse au « danger » venant des Juifs « agresseurs ». Pour détruire cette « race », les nazis mettent en œuvre la « solution finale de la question juive ».
Cette politique criminelle d’extermination des Juifs, systématique, programmée et à grande échelle, sur l’ensemble du continent européen, entraîne la mort de près de 6 millions d’êtres humains.
Au lendemain de la chute du régime nazi, ses principaux dirigeants sont jugés lors du procès de Nuremberg (novembre 1945-octobre 1946) et condamnés pour crimes de guerre et crimes contre l’Humanité.
Référence
Benbassa Esther (collectif), 2010, Dictionnaire des racismes, de l’exclusion et des discriminations. Larousse À présent.
MAQUIS M.O.I.
Mais dès l’automne 1943, et surtout dès le printemps 1944, l’hostilité au service du travail obligatoire en Allemagne (STO) et, surtout, la perspective du soulèvement général lié au débarquement amènent de nombreux combattants à la Résistance. De nouveaux maquis, toujours difficiles d’accès, sont créés.
Les FTP-M.O.I. suivent le même processus. Dès 1943, il existe un maquis M.O.I. dans la Drôme, près de Die, déplacé ensuite en Isère. Ce maquis accueille surtout des militants « grillés », en transit avant une nouvelle affectation.
À partir du débarquement, pour former les nombreux nouveaux candidats au combat et pour agir notamment, sur les voies de communication, les groupes FTP-M.O.I. « Carmagnole » et « Liberté » forment chacun un maquis. Ceux-ci jouent un rôle déterminant dans la libération de Lyon et de Grenoble. Des maquis M.O.I. sont également essentiels dans la libération des villes de Toulouse et de Marseille.
Référence
Collin Claude, 2000, Carmagnole et Liberté, Les Étrangers dans la Résistance en Rhône-Alpes, Ed. PUG
Charles de Gaulle
(1890-1970)
Charles de Gaulle, futur général de Gaulle, naît le 22 novembre 1890 à Lille.
Charles de Gaulle, formé à l’école militaire St Cyr, entame sa carrière d’officier pendant la Première Guerre mondiale. Il est blessé lors de la bataille de Douaumont et prisonnier de guerre entre mars 1916 et novembre 1918.
Après les hostilités, de Gaulle rédige plusieurs ouvrages militaires dont le plus polémique est consacré à la modernisation de l’armée.
En 1937, de Gaulle est colonel. Il s’illustre au cours de la bataille de France en mai 1940. Promu général le 1er juin. Il devient sous-secrétaire d’État à la guerre et à la Défense nationale, dans le cabinet de Paul Reynaud, du 6 au 16 juin 1940.
Le 16 juin, Reynaud démissionne et est remplacé par Pétain qui signe l’armistice avec l’Allemagne.
Le lendemain, 17 juin, de Gaulle refuse l’armistice et s’exile à Londres.
Le 18 juin, il lance à la radio anglaise BBC son Appel aux Français qui les exhorte à résister à l’occupant et à rejoindre le gouvernement de Résistance extérieure de la « France libre ».
Le Premier ministre britannique, Winston Churchill, reconnaît le général de Gaulle comme chef de la « France libre ».
De Gaulle crée des unités armées, les Forces françaises libres (FFL), est alors condamné à mort par contumace et déchu de la nationalité française par Pétain et son gouvernement collaborationniste replié à Vichy.
Le résistant de Gaulle, désormais apatride, fonde en 1943, le Comité français de la Libération Nationale (CFLN), qui deviendra le Gouvernement provisoire de la République française.
La même année, pour une plus grande efficacité du combat contre l’occupant, Jean Moulin, délégué du général de Gaulle en France, parvient, après de grandes difficultés, à unifier la Résistance intérieure : le Conseil National de la Résistance (CNR), créé le 27 mai 1943, rassemble les forces démocratiques du pays, des communistes à la droite républicaine. Son programme, officialisé le 15 mars 1944, présente des avancées sociales inspirées des valeurs communistes.
En 1944, de Gaulle, reconnu comme chef incontesté de la Résistance, devient le président du Gouvernement provisoire de la République française (GPRF) jusqu’en 1946.
L’action de de Gaulle, pendant la guerre, permet à la France de figurer aux côtés des alliés, vainqueurs du nazisme.
Mais, la guerre terminée, le général minore la politique collaborationniste du régime de Vichy. Le mythe d’une France résistante unie, antinazie, est développé par le GPRF qui s’approprie l’ensemble de l’épopée nationale combattante. L’action des résistants juifs immigrés de la M.O.I. est marginalisée, voire occultée et la réalité des camps de la mort ignorée.
Le général de Gaulle est président de la République française de 1959 à 1969. Il meurt en 1970.
Références
— Agulhon Maurice, 2000, De Gaulle : histoire, symbole, mythe, Paris, Plon.
— Crémieux-Brilhac Jean-Louis, 1996, La France libre : de l’appel du 18 juin à la Libération, Paris, Gallimard, coll. « La suite des temps ».
— Lacouture Jean, 1984, De Gaulle : Le Rebelle, 1890-1944, Vol. 1 Paris, Éditions du Seuil.
FRANCE LIBRE-RÉSISTANCE EXTÉRIEURE
De Gaulle reçoit le soutien du Premier ministre britannique, Winston Churchill, engagé dans la guerre contre l’Allemagne. Dès juillet 1940, le général fonde la France libre basée à Londres et appuyée sur les unités armées opposées à l’armistice, les Forces françaises libres (FFL).
De Gaulle s’assure de ralliements dans l’empire colonial français. En septembre 1941, il crée le Comité national français (CNF) qui encadre politiquement les forces militaires.
En vertu de l’accord signé en août 1940 avec Churchill, Charles de Gaulle est considéré comme le représentant légitime de la France et traite avec les alliés (Royaume-Uni et Etats-Unis principalement). Il crée à Londres un gouvernement officiel de la France libre-renommée France combattante-reconnu par tous les mouvements de la Résistance intérieure, le 13 juillet 1942.
L’appellation France libre va cependant prévaloir dans les esprits et même dans les textes.
Les soldats de la France libre combattent les nazis, notamment aux côtés des Britanniques, en Angleterre. Mais les alliés se méfient de de Gaulle jugé trop ambitieux. Le général finit, cependant, par s’imposer.
La Résistance communiste se rapproche de de Gaulle qui fonde le Comité français de la Libération nationale (CFLN) en juin 1943. La capitale de la France libre, d’abord établie à Brazzaville, migre à Alger, alors sous administration française.
Mais de Gaulle poursuit un objectif de rassemblement des forces combattantes. Jean Moulin, délégué en France du général, s’emploie à l’unification de la Résistance intérieure. Le Conseil national de la Résistance (CNR), créé, non sans mal, le 27 mai 1943, réunit les composantes démocratiques du pays, des communistes à la droite républicaine.
Le 1er août 1943, les Forces françaises libres (FFL) deviennent l’Armée française de libération. Présente dans le monde, elle combat, par exemple, en URSS, face aux troupes allemandes.
Selon le dessein du chef de la France libre, groupements militaires gaullistes de l’intérieur (l’Armée secrète) et Résistance communiste (FTP et FTP-M.O.I.) sont intégrés aux Forces françaises de l’intérieur (FFI) le 1er juin 1944.
Charles de Gaulle, l’homme de la Résistance extérieure, reconnu comme chef incontesté de la Résistance unifiée, devient, le président du Gouvernement provisoire de la République française (GPRF).
Références
— Muracciole Jean-François, 1996, Histoire de la France libre, PUF, coll. Que sais-je ?.
— Muracciole Jean-François, 2009 Les Français libres : l’autre Résistance, Paris, Taillandier
Jean Moulin
(1899-1943)
Jean Moulin, dit Rex dans la clandestinité, naît à Béziers le 20 juin 1899. Son père, enseignant, est un républicain engagé. Jean Moulin souhaite se consacrer à l’art (il dessinera jusqu’à sa mort) mais sa famille l’oriente vers le droit.
En 1936, chef de cabinet de Pierre Cot, ministre de l’Air pendant le Front populaire, il appuie l’aide à la République espagnole en danger.
Il est nommé l’année suivante, à 38 ans, préfet de l’Aveyron puis, en 1939, préfet d’Eure-et-Loir. Dès le début de l’Occupation, et malgré la réserve liée à la fonction préfectorale, il se montre hostile à la collaboration d’Etat et s’oppose violemment aux forces occupantes ; il soutient les 105 tirailleurs sénégalais qui, à Chartres, ont résisté courageusement aux Allemands.
Le 2 novembre 1940, Pétain, chef de l’Etat français collaborationniste, révoque ce préfet anti-vichyste.
Jean Moulin rejoint la Résistance. : il entre en relation avec les fondateurs des mouvements du Sud de la France et gagne Londres. Sa rencontre avec le général de Gaulle, chef de la « France libre » est décisive. Jean Moulin plaide la cause de la Résistance intérieure et la nécessité de l’équiper en armes. De Gaulle fait de Jean Moulin son représentant en France, à la fois personnel et politique.
Moulin s’emploie à coordonner et à « militariser » les actions de Résistance des 3 mouvements du Sud d’obédience gaulliste : il crée les Mouvements Unis de Résistance (MUR) et préside, en novembre 1942, un directoire qui réunit les chefs des mouvements, Henri Frenay (« Combat »), Emmanuel d’Astier de la Vigerie (« Libération ») et Jean-Pierre Lévy (« Franc-tireur »). Les MUR sont basés à Lyon,
l’ « Armée secrète » est constituée et commandée par le général Delestraint.
Lors du débarquement des alliés en Afrique du nord, le 8 novembre 1942, de Gaulle est évincé au profit du général Giraud. Jean Moulin regagne Londres et convainc le Général de la nécessité d’un organisme unificateur de tous les mouvements de Résistance.
À Paris, Moulin s’attèle à la tâche, les négociations sont âpres mais il est opiniâtre et le 8 mai 1943, le Conseil national de la Résistance (CNR) est né.
Tous les mouvements de Résistance des zones nord et sud, les syndicats et les partis politiques, des communistes à la droite républicaine, sont représentés.
Le programme du CNR s’appuie sur des valeurs inspirées par les communistes et se caractérise, notamment, par d’importantes avancées sociales.
À travers son délégué, Jean Moulin, de Gaulle est reconnu comme chef incontesté de la Résistance.
Malgré ses précautions, Jean Moulin est appréhendé à Caluire par Klaus Barbie, chef de la Gestapo, dit le « boucher de Lyon ». Moulin se tait sous la torture et il meurt officiellement le 8 juillet 1943, à Metz, dans un train à destination de l’Allemagne.
Références
— Cordier Daniel, 2011, Jean Moulin, la République des catacombes. Ed. Gallimard
— Photo : Musée Jean Moulin. Paris
RÉSISTANCE INTÉRIEURE
De jeunes communistes et, parmi eux, les jeunes Juifs de la M.O.I., s’insurgent contre le gouvernement de Vichy dès l’été 1940.
Fin 1940, des mouvements organisés ou des réseaux anti-collaborationnistes se mettent en place. Ils sont, principalement, animés par des gaullistes et des communistes.
L’action civile des résistants de l’intérieur est variée : fonctionnement d’imprimeries clandestines, diffusion de tracts, organisation de manifestations, fabrication de faux papiers, recherche de planques pour les combattants et les Juifs traqués, sauvetage des enfants …
Des agents de liaison, souvent de jeunes femmes à bicyclette, transportent des messages.
La Résistance intérieure civile publie également une presse clandestine, en français ou en yiddish, traquée par les nazis. Toutes ces actions représentent un réel danger pour les résistants.
Résistantes et résistants organisés, bien que très peu nombreux, s’appuient souvent sur un soutien de la population, implicite ou non.
Parallèlement à une Résistance intérieure civile, une Résistance intérieure armée se développe à partir de 1941.
Les actions sont multiples (attaques de trains de matériel ennemi, incendies d’entrepôts d’armes, grenadages de lieux réquisitionnés par l’armée allemande…).
En mai 1943, Jean Moulin, délégué du général de Gaulle en France, parvient à rassembler les différents mouvements de la Résistance intérieure et syndicats et partis, des communistes à la droite républicaine. Le Conseil National de la Résistance (CNR) est né. La Résistance est unifiée en deux structures. L’une, militaire, est constituée des Forces Françaises de l’Intérieur (FFI). Forces gaullistes, FTPF et FTP-M.O.I. sont intégrés aux FFI.
L’autre structure, civile, rassemble les Comités Départementaux de la Libération (CDL) qui restaurent la légalité républicaine. Leur rôle, dans le pays, est considérable.
En mai 1944, sur proposition du Parti communiste français et à l’initiative du CNR, des Milices patriotiques sont créées dans les villes et les maquis. Les résistants sont prêts pour l’insurrection nationale et la Libération.
Références
— Courtois Stéphane, Peschanski Denis, Rayski Adam, 1994, Le sang de l’Étranger. Les immigrés de la M.O.I. dans la Résistance. Ed. Fayard.
— Gildea Robert, 2017, Comment sont-ils devenus résistants ? Une nouvelle histoire de la Résistance (1940-1945). Ed. Les Arènes.
CONSEIL NATIONAL DE LA RÉSISTANCE (CNR)
L’idée d’une unification des différents mouvements de Résistance, pour une plus grande efficacité, est avancée car seuls les FTPF et FTP-M.O.I., proches des communistes, sont conçus en structures militaires.
En outre, l’unification de la Résistance, voulue par de Gaulle, répond à son désir d’asseoir son autorité auprès des alliés. À Paris, le 27 mai 1943, a lieu la première réunion du Conseil national de la Résistance (CNR), présidée par Jean Moulin, délégué de Charles de Gaulle en France. Les obstacles sont nombreux mais, autour de la table, sont présents les représentants de huit grands mouvements de la Résistance intérieure, de six partis politiques et de deux syndicats, de la droite républicaine aux communistes.
Jean Moulin est arrêté par la gestapo le 21 juin 1943. Il mourra le mois suivant après avoir été torturé. Georges Bidault deviendra le second président du CNR.
Le Programme du CNR, « Les Jours Heureux », paraît le 15 mars 1944 après un long cheminement et plusieurs moutures. Peu diffusé à sa parution, ce programme prend toute sa place durant les années 1944-45. Son premier volet souligne l’importance de l’action immédiate avec la mise en place des milices patriotiques qui œuvrent à la libération de la France, le second volet présente des mesures économiques et sociales démocratiques inspirées des valeurs communistes.
Les mesures à appliquer promeuvent la suppression de toutes les discriminations dont les Juifs ont été victimes, la restitution de leurs biens, le respect de la personne humaine pour tous, la justice sociale, le retour à la nation des grands moyens de production, le droit au travail, à la retraite, à l’instruction, à la sécurité sociale…
Le poids des interventions des nombreux résistant (e) s et des débats à l’Assemblée consultative provisoire qui siège à partir de 1943 à Alger puis à Paris, permet l’adoption d’ordonnances aux contenus progressistes portant les idées du Programme du CNR.
Les divergences d’idées au sein des différentes sensibilités du CNR expliquent en grande partie les absences de référence à la laïcité, au vote des femmes ou aux colonies.
Références
— CNR, 1944, « Les Jours Heureux » Paris.
— Andrieu Claire, 1984, « Le Programme commun de la Résistance » Paris Ed. de l’Érudit.
GUERRE MONDIALE
En Europe, l’Allemagne attaque d’abord la Pologne (septembre 1939), occupe le Danemark et la Norvège, puis la France (mai 1940) et affronte la Grande-Bretagne. Dans le même temps, l’allié italien d’Hitler enregistre un échec en Grèce ; l’Allemagne se voit dans l’obligation d’intervenir dans ce pays et en Yougoslavie. Le grand dessein hitlérien, une fois la France vaincue, consiste à conquérir un espace vital à l’est : le 22 juin 1941, a lieu l’opération Barbarossa (invasion de l’URSS).
De son côté, le Japon, autre allié d’Hitler, souhaite éliminer du Pacifique les forces navales des USA : le 7 décembre 1941, l’attaque par surprise de la base américaine de Pearl Harbor est lancée.
Dès lors, avec l’entrée en guerre des USA, la guerre devient véritablement mondiale : en Europe, en Afrique, au Moyen-Orient, en Chine, en Asie du Sud-Est et dans les océans Atlantique et Pacifique.
Les forces de l’Axe (principalement Allemagne, Italie, Japon) sous-estiment les puissances soviétique et américaine. Après la longue et meurtrière bataille de Stalingrad, remportée par l’URSS contre Hitler, l’Axe n’est plus en mesure de gagner la guerre.
La Seconde Guerre mondiale se caractérise par le nombre de victimes civiles : bombardements aériens sur les villes (25 000 morts à Dresde), représailles contre les civils suspectés d’aider les partisans, lutte implacable contre les résistants en France, génocide des Tziganes (150 000 à 200 000) et des Juifs (6 millions) à travers toute l’Europe.
En août 1945, les Américains expérimentent l’arme atomique contre le Japon (à Hiroshima et Nagasaki).
Une nouvelle période commence : la guerre froide entre les deux grands vainqueurs, États-Unis et URSS, que la création de l’ONU ne parvient pas à éviter.
Références
— Keegan John, 1988, La Seconde Guerre mondiale, Perrin.
— Ferro Marc, 2010, Questions sur la Seconde Guerre mondiale, coll. « Histoire ».
FRANCS-TIREURS ET PARTISANS FRANÇAIS (FTPF OU FTP)
En octobre 1941, les anciens brigadistes de la guerre civile espagnole et les militants communistes de l’Organisation spéciale (groupes OS), qui ont échappé aux traques des nazis, sont les premiers recrutés. Début 1942, les jeunes combattants des Bataillons de la Jeunesse se joignent à eux.
En avril 1942, les Francs-tireurs et partisans français (FTPF ou FTP) sont complètement constitués. Cette force de Résistance intérieure, militaire dans sa conception, est immédiatement opérationnelle. Elle s’ouvre aux non-communistes mais reste sous l’autorité du PCF.
Menacés dans leur existence et guidés par leur désir de libérer la France du nazisme, des combattants juifs immigrés sont amenés à mener une lutte spécifique aux côtés des FTP. Parallèlement et très rapidement, des groupes de Francs-tireurs et partisans M.O.I. (les FTP-M.O.I.) se forment à Paris sous la direction militaire de Boris Holban.
Dix pour cents des effectifs des militants communistes doivent être versés aux FTP, la règle demeure la même pour les FTP-M.O.I.
Les FTP opèrent d’abord en zone nord occupée mais ils élargissent leur champ d’action à la zone dite libre, dès l’entrée des troupes allemandes en zone sud, fin 1942.
Le journal des FTP, France d’abord, rend compte de la lutte armée de l’organisation, partout en France.
À partir de 1943, les FTP sont regroupés, avec les FTP-M.O.I., sous l’égide du « Front national de lutte pour la libération et l’indépendance de la France », créé par le PCF dès 1941.
Les FTP et les FTP-M.O.I., très structurés militairement, pratiquent la guérilla urbaine et l’action immédiate.
En zone sud, les FTP et FTP-M.O.I. créent des maquis.
Pourchassés par la Gestapo, nombre de FTP (et, particulièrement, FTP-M.O.I.) sont torturés et déportés mais leur action de Résistance intérieure, (comme celle des MUR ou de l’Armée secrète), est déterminante dans la libération du pays.
En 1944 les FTP et FTP-M.O.I., tout en conservant leur autonomie, sont regroupés au sein des Forces Françaises de l’Intérieur (FFI).
Référence
Tillon Charles, 1991, Les FTP, soldats sans uniforme, Éditions Ouest-France.
FTP-M.O.I. ZONE SUD
À Lyon, à l’été 1942, quelques anciens brigadistes de la guerre d’Espagne et des militants de la Jeunesse communiste se regroupent. Tous sont des Juifs étrangers. Ils forment le détachement « Carmagnole ».
En sus de « Carmagnole », se forme un second détachement, dit « Simon-Frid », du nom d’un combattant guillotiné en décembre 1943 mais ce détachement ne sera jamais au complet.
À Grenoble, le détachement « Liberté » (30 hommes) est constitué au printemps 1943.
Les actions sont nombreuses, dans les régions lyonnaise et grenobloise, contre l’occupant et le régime de Vichy.
À partir du Débarquement, « Carmagnole » et « Liberté » vont créer chacun un maquis, chaque structure réunissant plus d’une centaine de combattants et intégrant des Italiens, des mineurs polonais, et de jeunes Français fuyant le STO.
La liste de la centaine de morts de Carmagnole » et « Liberté » de 1942 à 1944 révèle que l’organisation repose essentiellement sur les immigrés juifs d’Europe de l’est.
À Toulouse, la 35e Brigade, dite « Brigade Marcel Langer » porte le nom de son commandant, juif polonais, ancien brigadiste, assassiné par Vichy. C’est une unité mixte. Elle est composée de 60 membres, principalement des Juifs d’Europe de l’est.
Les femmes, très impliquées, transportent les armes, filent les cibles et fabriquent les bombes.
Le bilan de la « Brigade » est impressionnant : sabotages de voies ferrées, d’usines, de dépôts de matériel allemand, attaques de convois allemands, exécutions de magistrats collaborateurs, de miliciens… Les combattants réussissent à créer un climat d’insécurité permanente pour l’ennemi.
À Marseille, le détachement Marat, devenu plus tard la compagnie Maurice Korsec, du nom de son jeune commandant juif, assassiné par les nazis à l’âge de 19 ans, est également très dynamique. Le 11 novembre 1942, lors de l’entrée des troupes allemandes à Marseille, une bombe détruit un camion allemand en plein centre de la ville. De très nombreuses autres actions vont suivre.
D’une manière générale, malgré leur faible effectif, les résistants FTP-M.O.I., à Paris comme au Sud, sont très efficaces dans leur lutte contre le nazisme et pour la liberté. Ils participent tous aux combats pour la Libération.
Références
— Collin, Claude in : F. Marcot (dir.) 2006, Dictionnaire historique de la Résistance : Ed. Robert Laffont.
— Ravine, Jacques (1973) La Résistance organisée des Juifs en France 1940 1944 : Ed. Julliard
FRONT NATIONAL DE LUTTE POUR LA LIBÉRATION ET L'INDÉPENDANCE DE LA FRANCE
Implanté dans les milieux intellectuels grâce au journal L’Université libre, le Front National ne se développe qu’à partir de la fin 1942 sous l’impulsion des communistes Pierre Villon et Madeleine Braun. Début avril, un manifeste définit les buts du FN : l’action immédiate en vue de l’insurrection et l’union de la Résistance. L’objectif est double : la création d’un « gouvernement français ayant pour chef le général de Gaulle et confiant le commandement des forces armées au général Giraud » et la fusion des mouvements [de Résistance] en une seule « France combattante ».
Dans la lutte contre le Service du travail obligatoire (STO) et pour l’aide aux réfractaires, organisés en « groupes de combat » (zone nord) et maquis (zone sud), les comités locaux et départementaux du FN se développent au cours de l’été 1943.
Parallèlement, la « grève des battages » (sabotage des engins de moissons pour ne pas fournir du blé à l’Allemagne) révèle la combativité des comités de paysans. Après l’insurrection corse, le FN, reconnu comme mouvement de Résistance et représenté par Pierre Villon, prend une part essentielle à l’élaboration du programme d’action (adopté par le Conseil national de la Résistance, le CNR, le 15 mars 1944).
À partir de janvier 1944, le Front National joue un rôle majeur dans la Résistance armée. Il exerce rapidement son autorité sur les FTP.
Fin 1943, une imprimerie clandestine, dirigée par Cécile Cerf, résistante FTP-M.O.I. en zone nord, édite et reproduit tracts et journaux clandestins du Front national-FTP et FTP-M.O.I., jusqu’en mai 1944.
Dans les combats de la Libération, le Front National joue un rôle actif dans l’insurrection nationale. Fin janvier 1945, cette organisation compte 600 000 adhérents.
NB : Jean-Marie Le Pen, dirigeant d’extrême-droite, s’est emparé de l’appellation « Front national » pour créer un parti politique (de 1972 à 2018), en contradiction totale avec les valeurs du Front national d’origine.
Références
— Virieux Daniel in : F. Marcot (dir.) 2006, Dictionnaire historique de la Résistance. Éditions Robert Laffont.
— Gronowski Ludwik, pseudo Brunot, commandant FFI, ex-dirigeant national du Front National au sein de la M.O.I. 1958, Attestation de Résistance. Washington, USHMM.