Roger Trugnan
(1923-2016)
Roger Trugman, devenu Roger Trugnan après-guerre, naît à Paris dans une famille juive.
Sa mère est couturière ; son père, ébéniste , a fui la Bessarabie (actuelle Moldavie) en 1910 à la suite de pogroms.
Ses parents adhèrent au Parti communiste en 1928. Très jeune, Roger est inscrit chez les « Pionniers » du 11ème arrondissement de Paris, fréquente les patronages laïques, les colonies de vacances du Secours Rouge puis celles des Amis de la M.O.I.
En 1940, il organise dans le 11ème arrondissement, les premiers triangles (groupe de trois résistants) de la Jeunesse communiste. Ces jeunes distribuent des tracts sur les marchés, aux sorties des métros, des cinémas et collent des papillons sur les murs « pour faire grandir l’esprit de Résistance à l’occupant dans la population. »
Sa sœur cadette, Germaine, suit ses traces et s’engage très jeune dans le combat.
Louis Gronowski , dirigeant national de la M.O.I., fait participer Roger Trugnan à l’écriture et à la relecture de tracts et de textes, notamment pour une brochure parue en 1941 : « L’antisémitisme, le racisme, la question juive »
En 1942, Roger Trugnan part en zone sud pour retrouver ses parents et sa sœur. Tous trois seront déportés en avril 1944, aucun ne reviendra…
Rentré à Paris en 1943, Trugnan reprend la lutte contre l’ennemi nazi et renoue les liens avec ses camarades de la Jeunesse communiste juive (JCJ) de la M.O.I.
Ils sont « filés » depuis plusieurs mois par les Brigades Spéciales (BS). L’objectif : la traque des communistes et des Juifs. Trugnan est fiché par les BS sous le surnom de « Blondinet ».
Le 23 mars 1943, il est arrêté avec une cinquantaine de jeunes de la JCJ, dont Henri Krasucki et Paulette Szlifke (ou Sliwka puis Sarcey).
Après des interrogatoires brutaux, Roger Trugnan est interné à Drancy puis déporté, le 23 juin 1943, à Auschwitz-Birkenau.
Seulement 6 des 50 jeunes arrêtés reviendront d’Auschwitz.
Trugnan est affecté, tout comme Henri Krasucki et Samuel Radzinski, dans un commando dédié à l’extraction du charbon, à Jawischowitz. Il organise avec ses camarades des actions de sabotage dans la mine.
En janvier 1945, à l’approche de l’armée soviétique, il est transféré à Buchenwald après une terrible « marche de la mort » de trois jours. La solidarité est essentielle pour lui et tous les résistants.
Le 29 avril 1945, il regagne enfin Paris où il apprend la disparition de ses parents et de sa sœur.
Sa vie durant, il poursuit son engagement au sein du Parti communiste et s’engage dans un travail de mémoire à l’AMEJD (association pour la mémoire des enfants juifs déportés).
Il meurt à Paris le 22 février 2016.
Références
— Le Maitron , 2016, Claude Willard
— Diamant David, 1971, les Juifs dans la Résistance française. Edition le Pavillon
AACCE, 2009, Les Juifs ont résisté en France 1940-1945. Ed. AACCE.
— Photo collection particulière (DR)