SABOTAGE DE LA PRODUCTION DESTINÉE AUX ALLEMANDS
À l’extérieur, l’Allemagne nazie est en guerre contre l’URSS depuis la rupture du pacte de non-agression en juin 1941.
Dès le mois de septembre 1941, les militants syndicalistes élaborent un premier plan d’action visant les biens destinés aux troupes allemandes.
Les jeunes Juifs communistes s’emploient à convaincre les travailleurs juifs de l’importance du sabotage.
Les dangers de ces opérations sont évidents mais l’action s’étend vite à tous les secteurs d’activité.
Les tricoteurs, par exemple, fabriquent des manches trop courtes, des ouvertures impraticables.
Les ouvriers gantiers produisent des doigts de gant rétrécis, des pouces du mauvais côté…
En décembre 1941, ils déclenchent une grève générale qui dure quatre semaines : l’objectif réel de la grève cible les Allemands qui perdent 160 000 paires de gants.
Des actions sur les machines sont menées dans les grandes entreprises. Des pièces essentielles des moteurs sont subtilisées ou détériorées, les installations électriques sont détruites.
En cet hiver 1941-1942, le sabotage des ateliers de fourrure est vital. Les vêtements chauds à destination des soldats allemands doivent être acheminés vers le front où sévit un froid glacial. Les ouvriers fourreurs juifs se voient remettre des Ausweis, certificats spéciaux qui les protègent provisoirement des arrestations et de la déportation mais ils sabotent leur production.
De petites boîtes explosives sont très répandues, au sein des ateliers, dans toutes les corporations ; elles provoquent des incendies qui détruisent les marchandises.
En juin 1942, lors d’une de ces actions, deux jeunes résistants juifs sont arrêtés par les nazis et fusillés en juillet. D’autres combattants sont emprisonnés.
L’engagement ne faiblit pas, de nombreux jeunes travailleurs juifs immigrés issus des ateliers ou des entreprises rejoignent les rangs de la section juive la M.O.I. dans sa lutte civile ou armée.
Références
— Recueil commémoratif consacré aux militants immigrés juifs de la CGT tombés dans la lutte contre le fascisme. Combattants de la liberté, 1948, Paris, Éd. de la Commission Intersyndicale Juive auprès de la CGT
— Les Juifs ont résisté en France (1940-1945), 2009, témoignage de Robert Endewelt. Éd. de l’AACCE.